Au nom d'Allâh, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
A mon cher et noble fils (ou fille), qu'Allâh te préserve, sois satisfait de toi et te rende heureux dans ce bas monde et dans l'autre.
Que la paix, la miséricorde et les bénédictions d'Allâh soient sur toi.
Je t'écris cette lettre pleine d'amour et de rappel, à l'encre de mon cœur.
D'un père, affectueux et compatissant à l'égard de la prunelle de ses yeux et de ce qu'il a de plus cher, qui espère ton bonheur et ta réussite.
Et c'est Allâh Seul que j'invoque afin qu'Il t'oriente et veille sur toi.
Sache, mon cher fils, que la prière est la chose la plus importante pour le serviteur d'Allâh.
Celui qui la préserve et l'accomplis assidument aura préservé sa religion.
Quant à celui qui la délaisse, le reste de ses actions n'en seront que plus mauvaises.
Elle constitue le pilier centrale de la religion, et la validité de ses autres actions repose sur l'acceptation de sa prière.
Si sa prière est mauvaise, le reste de ses actions le seront.
C'est la première obligation en Islam, et c'est la dernière chose qui sera abandonnée de la religion.
Ainsi elle représente le début et la fin de l'Islam.
La pratique d'un musulman, ses adorations et son comportement dans sa vie mondaine et religieuse ne seront correctes que lorsqu'il accomplira cette prière comme il se doit.
Mon cher fils, sache que tu as deux rendez-vous durant lesquels tu te présenteras devant Allâh.
L'un d'entre eux à lieu ici bas, et le second lorsque tu rencontreras Allâh au Jour de la Résurrection.
La réussite de ton second rendez vous dépend de la bonne tenue du premier, tout comme la perdition de celui-là résulte de la négligence de celui-ci.
Le premier rendez vous : c'est cette prière qu'Allâh a prescrite et rendue obligatoire à Ses serviteurs cinq fois par jour.
Ainsi, celui qui la préserve, lui accorde de l'importance, l'accomplit à son heure, en respectant ses conditions, ses piliers, et ses actes obligatoires verra son rendez vous le Jour du Jugement écourté et facilité.
Il sera heureux et satisfait.
Mais s'il n'accorde aucune importance à cette prière, la délaisse et néglige ses conditions, ses piliers, et ses obligations, alors son rendez vous se passera dans des conditions difficiles.
D’après Hurayth Ibn Qabîssa رحمه الله qui rapporte :
«Je me rendais à Médine et invoquais Allâh qu'Il m'accorde un compagnon vertueux.
Alors je me suis assis auprès d'Abû Hurayra رضي الله عنه et lui dit : «Ô Abû Hurayra ! J’ai prié Allâh de m'accorder un compagnon vertueux. Enseigne-moi donc un hadith que tu as retenu du Messager d'Allâh صلى الله عليه وسلم, en espérant qu'Allâh m'en fasse profiter.»
Abû Hurayra lui dit : «J'ai entendu le Messager d'Allâh صلى الله عليه وسلم dire :
«La première chose sur laquelle sera jugé le serviteur au Jour de la Résurrection est sa prière.
Si elle s’avère bonne il aura réussi et sera bienheureux.
Et si elle s’avère mauvaise, alors il aura échoué et sera perdant». [1]
Remarque donc, mon cher fils, que la réussite de ton second rendez-vous dépend de la bonne tenue du premier, tout comme la perdition du deuxième dépend également du premier.
Crains donc Allâh sur la prière et sois assidu à ce rendez-vous devant Allâh. Accorde de l'importance à cette prière, Allâh t'en accordera également, et ta place grandira auprès de Lui.
Ô mon enfant !
Si Allâh t'a accordé un père qui veille à ce que tu accomplisses la prière régulièrement et qui t'y encourage, prends garde à ne pas te mettre en colère contre lui ou être dérangé par l'attention qu'il te porte.
Par Allâh !
Il n'agit ainsi que pour te voir préservé de la colère d'Allâh et par espoir que tu obtiennes Sa satisfaction.
Car Allâh ne sera jamais satisfait de toi que lorsque tu accompliras cette prière avec assiduité.
Mon cher enfant,
Il fait partie du respect de cette prière et de sa considération que lorsque tu y es appelé, tu t'y rendes avec dynamisme et envie, et non pas avec paresse et nonchalance.
Abû Al-Qâsîm Al-Asbahânî رحمه الله a rapporté dans son livre «At-targhîb wa at-tarhîb» (n°1904) d’après 'Abdullâh Ibn 'Abbâs رضي الله عنه :
«Il est détestable que l'homme se lève pour la prière avec paresse.
Qu'il s'y rende plutôt avec un visage apaisé, avec envie et enthousiasme, car il s'adresse à Allâh.
Et que lorsqu'il prie, Allâh est devant lui, pardonnant ses péchés et répondant à ses invocations.»
Puis Ibn 'Abbâs récita le verset :
{ وَإِذَا قَامُوا إِلَى الصَّلَاةِ قَامُوا كُسَالَى }
"Lorsqu’ils se disposent à faire la prière, ils se lèvent avec paresse". (Sourate 4/An-Nisa verset 142). » [2]
Ainsi, la faiblesse, la paresse, et la nonchalance chez le serviteur résultent de la faiblesse de son cœur, et du fait qu’il ignore la valeur et la place qu’a la prière auprès d'Allâh.
Observe l'importance qu'avait cette prière pour les premières générations de cette communauté, comme le rapporte 'Abdullâh Ibn Mas'ûd رضي الله عنه qui a dit :
«De notre époque, personne parmi nous ne manquait la prière en commun si ce n’est un hypocrite dont l'hypocrisie était connue de tous.
Certes, il arrivait qu’on amène un homme dans un état tel que deux hommes devaient le trainer jusqu’à le placer dans le rang». [3]
Lorsque l'un d'entre eux ne pouvait se rendre tout seul à la prière en raison d'une maladie ou de la vieillesse, on le porter afin de l'amener à la mosquée jusqu'à le placer dans le rang.
Tout cela, car leurs cœurs saisissaient parfaitement la valeur et la place de la prière.
Ainsi, leurs corps, malgré leur faiblesse et leur incapacité, étaient portés par leurs cœurs remplis de cette connaissance.
Et saches que la prière de l’Aube (Al-fajr) qui marque le début de la journée à une place toute particulière.
L’accomplir régulièrement suscite la réussite pour le croyant et son bien être tout au long de la journée.
En revanche, la négliger révèle la perte de cette journée et de sa bénédiction.
Médite ce hadith d’après Abû Hurayra رضي الله عنه où le Messager d’Allâh صلى الله عليه وسلم a dit :
«Lorsque l'un de vous s'endort, le diable noue trois nœuds sur sa nuque.
A chaque nœud il dit : «Que ta nuit soit longue, dors longuement.»
Lorsqu'il se réveille s'il évoque Allah un nœud se défait.
S'il fait ses ablutions, un autre nœud se défait.
S'il prie le dernier nœud se défait.
Alors, il se réveille dynamique et de bonne humeur.
Sinon, il se réveille paresseux et de mauvaise humeur». [4]
Tel est l'état de celui qui délaisse la prière du Fajr : mauvaise humeur et paresse tout au long de la journée.
Alors que s'il accompli cette prière à l’heure, avec les musulmans à la mosquée, elle sera pour lui une source de bénédiction et de bien être pour toute la journée.
Médite également le hadith d’après 'Abdullâh Ibn Mas'ûd رضي الله عنه qui rapporte :
«On évoqua en présence du Messager d'Allâh صلى الله عليه وسلم un homme qui dormit toute la nuit et ne se réveilla qu’au matin.
Le Prophète صلى الله عليه وسلم déclara : «C'est un homme dans l'oreille [ou a-t-il dit : dans les oreilles] duquel le diable a uriné»». [5]
Les savants ont expliqué que cette urine est réelle.
Comment quelqu'un pourrait-il accepter ceci ?
Se lever l'oreille remplie de l'urine du diable.
Tel est l'état de celui qui délaisse la prière de l’Aube en son temps.
Médite enfin ce hadith d’après Samura Ibn Jundab رضي الله عنه lorsque le Prophète صلى الله عليه وسلم relata un de ses rêves :
«[…] Puis nous arrivâmes auprès d'un homme allongé sur le sol à coté duquel se tenait un autre debout et tenant un rocher entre les mains.
Ce dernier jetait le rocher sur sa tête et celle-ci se trouvait broyée.
Le rocher roulait et pendant ce temps sa tête se recomposait.
Puis l'homme debout recommençait et écrasait à nouveau la tête de celui qui était allongé»
[…] A la fin du hadith le Prophète صلى الله عليه وسلم dit :
«[Les hommes me dirent] : «Le premier homme que tu as vu et dont on broyait le crane avec un rocher, est un homme qui apprenait le Coran sans le mettre en pratique et qui dormait pendant la prière obligatoire […]»». [6]
Son châtiment fut appliqué à sa tête car il ne se réveillait pas pour la prière.
Celle-ci restait couchée au lieu de se lever...
Mon cher fils, prends donc exemple sur les Pieux Prédécesseurs:
Wakî' Ibn Al-Jarrâh a dit :
«Al-A'mash رحمهما الله - m.148H - avait près de soixante-dix ans, et malgré cela il ne manquait jamais le premier takbîr [d’entrée en prière à la mosquée].
J’ai prié avec lui plus de soixante-dix fois [autre version : Je suis resté deux ans auprès de lui], et je ne l'ai jamais vu rattraper la moindre unité de prière (rak'a)». [7]
Ghassân a dit :
«Le neveu de Bishr Ibn Mansûr رحمهم الله - m.180H - m'a dit :
«Je n'ai jamais vu mon oncle manquer le premier takbîr [d’entrée en prière à la mosquée]». [8]
Sa'îd Ibn Al-Musayyib رحمه الله - m.94H - a dit :
«Je n'ai jamais manqué le premier takbîr [d’entrée en prière à la mosquée] pendant cinquante ans.
Et je n'ai jamais vu la nuque d'un homme pendant la prière (Car il priait toujours au premier rang)». [9]
Muhammad Ibn Samâ'a رحمه الله - m.223H - a dit :
«Pendant quarante ans, je n'ai jamais manqué le premier takbîr [d’entrée en prière] avec l‘Imâm, et je n'ai manqué qu’une seule fois la prière en groupe : Le jour où ma mère est décédée». [10]
Abû Dâwûd a dit :
«Ibrâhîm [Ibn Maymûn] As-Sâ’igh رحمهما الله - m.131H - était un homme pieux.
Il fut assassiné par Abû Muslim.
Lorsqu'il levait son marteau et qu'il entendait l'appel à la prière, il s’arrêtait avant même d'avoir frappé avec, [et se rendait à la prière]». [11]
Ibrâhîm At-Taymî رحمه الله - m.92H - disait :
«Si tu vois un homme négliger [d’arriver pour] le premier takbîr [d’entrée en prière], ne lui accorde pas la moindre importance (litt. lave-t-en les mains)». [12]
Mon cher fils, la prière est la lumière des Croyants qui illumine leur cœur.
C'est le lien entre le serviteur et son Seigneur.
Lorsque cette prière est accomplie parfaitement, avec les actes obligatoires et surérogatoires, un cœur recueilli et humilié, le serviteur a alors l'impression de se présenter et se tenir debout devant Allâh, humble et craintif.
Il veille à ses moindres faits et gestes devant son Seigneur, L'implore et L'invoque sincèrement.
Il ne fait aucun doute qu'une telle prière est l'un des meilleurs moyens d'obtenir tous les biens et de repousser tous les maux et autres turpitudes.
Parmi les immenses bienfaits et profits de cette prière est qu'elle permet d'obtenir le pardon d'Allâh, et d'effacer les péchés.
D’après Abû Hurayra رضي الله عنه, le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit :
«Voyez-vous si l'un d'entre vous avait une rivière devant sa porte dans laquelle il se laverait cinq fois par jour, lui resterait-il la moindre saleté ?»
Ils répondirent : « Il n’en resterait rien.»
Il صلى الله عليه وسلم dit alors : «Telle sont les cinq prières [quotidiennes] par lesquelles Allâh efface les péchés».» [13]
Je demande à Allâh le Généreux qu'Il te permette d'honorer cette prière et d'y être assidu, qu'Il te permette de l'accomplir de la meilleure des manières, qu'Il ouvre ton cœur, qu'Il te facilite toutes tes affaires et qu'Il t'élève dans ce bas monde et dans l'autre.
Que la prière et le salut d'Allâh soient sur notre Prophète Muhammad صلى الله عليه وسلم, sa famille et ses Compagnons.
Que la paix, la miséricorde et les bénédictions d'Allâh soient sur toi.
Ton père qui t'aime.
[1] Rapporté par At-Tirmidhî n°413, Abû Dâwûd n°864, An-Nassâ'î n°466, Ibn Mâjah n°1425/1426 et authentifié par Al-Albânî dans son tahqîq, «Al-mishkât» n°1280, «Sahîh at-targhîb» n°540 et «Sahîh al-jâmi’» n°2020
[2] Voir «Tafsîr Ibn Kathîr» 2/438
[3] Voir «Sahîh Muslim» n°654
[4] Rapporté par Al-Bukhârî n°1142/3269 et Muslim n°776. Voir «Riyâd us-sâlihîn» n°1165
[5] Rapporté par Al-Bukhârî n°1144/3270 et Muslim n°774. Voir «Riyâd us-sâlihîn» n°1164
[6] Rapporté par Al-Bukhârî n°7047
[7] Ibn Al-Ja’d dans son Musnâd 1/122 et Abû Nu’aym dans «Al-hilyâ» 5/49
[8] Abû Nu’aym dans «Al-hilyâ» 6/240, Adh-Dhahabî dans «Siyar a’lâm an-nubalâ» 8/360 et Ibn Al-Jawzî dans «Sifat us-safwa» 3/376
[9] Abû Nu’aym dans «Al-hilyâ» 2/162 et Adh-Dhahabî dans «Siyar a’lâm an-nubalâ» 4/30
[10] Adh-Dhahabî dans «Siyar a’lâm an-nubalâ» 10/646, Ibn Hajar dans «Tahdhîb at-tahdhîb» 9/204 et Ibn ’Asakîr dans «Tarîkh Baghdâd» 5/341
[11] Voir «Sunân Abû Dâwûd» hadith n°3254 et Adh-Dhahabî dans «Siyar a’lâm an-nubalâ» 5/240
[12] Abû Nu’aym dans «Al-hilyâ» 8/370, Adh-Dhahabî dans «Siyar a’lâm an-nubalâ» 5/62 et Ibn Al-Jawzî dans «Sifat us-safwa» 3/88
[13] Rapporté par Al-Bukhârî n°528 et Muslim n°667. Voir «Riyâd us-sâlihîn» n°1042
Traduit par le frère Sami Al-Atharî
✅ Publié par 3ilmchar3i.net