Analyse critique de la déclaration ridicule du groupe khariji de Da’Ich suite aux attentats de Paris (dossier)

Publié le par 3ilm.char3i - La science legiferee

Analyse critique de la déclaration ridicule du groupe khariji de Da’Ich suite aux attentats de Paris (dossier)

Après les attentats de Paris, Da’Ich a publié une déclaration officielle affirmant la responsabilité des attentats suicides et des fusillades qui ont tué au moins 127 personnes en France.

 

Cette déclaration fait partie d’une campagne de propagande de Da’ich pour attirer des partisans en se basant sur des lignes idéologiques et sentiment politique.

 

Toute personne sensée peut voir que Da’ich est dépourvue de toute intégrité islamique et de principes fondamentaux de moralité.

 

Da’ich «n’est pas une expression de l’islam traditionnel ou de l’islam fondamentaliste; c’est une nouvelle compréhension de l’Islam, enveloppé dans l’idéologie révolutionnaire occidentale»(When Religion and Culture Part Ways, interview avec Olivier Roy)

 

Allah a mis en garde les musulmans dans le noble Quran sur le négligemment d’accepter la justification des tyrans et des meurtriers pour leur conduite criminelle.

 

Un exemple de cela est la condamnation d’Allah envers Pharaon, qui était responsable de nombreux crimes, parmi lesquels un génocide de masse, quant bien même Pharaon affirmé (traduction rapprochée) :

 

{Je ne vous indique que ce que je considère bon. Je ne vous guide qu’au sentier de la droiture}.  [Ghafir: 29]

 

J’espère que cette aide, même si elle est juste minime, mènera à comprendre les objectifs et les réalités de ce groupe hérétique.

 

Une analyse qualitative de la déclaration :

 

1) Pour justifier le meurtre de non-combattants, Da’ich a utilisé le mot «croisé» cinq fois en une déclaration d’une page.

Ils ont également considéré la France comme «Le porteur de la bannière de la Croix en Europe.»

 

Ceci n’est pas une coïncidence.

 

C’est une piètre tentative pour justifier islamiquement le massacre d’innocents, hommes, femmes et enfants.

 

Ce raisonnement est erroné sous deux angles :

 

a) Le mot « croisé » -Ṣalībī en arabe- est classiquement utilisé pour décrire les chrétiens qui sont entrés dans les terres musulmanes, sous le prétexte de libérer Bayt al-Maqdis (le territoire sanctifié) et les zones environnantes de la loi islamique.

Comment est-ce applicable aux civils marchant dans les rues de Paris?

 

b) S’ils soutiennent qu’ils utilisent « croisé » comme un terme synonyme pour « Harbi » [combattant de guerre], alors cela est également inacceptable, car il est interdit dans la loi islamique de tuer des non-combattants, femmes et enfants, même en temps de combat.

Comment est-ce applicable aux hommes, femmes et enfants dans un stade, regardant un match de football international ou se livrant à d’autres passe-temps ?

 

L’utilisation d’un tel langage est non seulement destinée à fournir un contexte religieux pour ces psychopathes enragés, mais aussi à fournir les islamophobes et l’extrême droite en munitions pour diaboliser tous les musulmans, et ainsi exacerber encore des sociétés déjà fragiles.

 

Une technique qui est cruciale pour la réussite de tout mouvement marginal.

 

La stratégie est claire -et de façon inquiétante, elle semble fonctionner dans certains pays- à isoler les minorités musulmanes pacifiques, les soumettre à de nouvelles hostilités, forcer les gouvernements à définir leur version d’un «islam acceptable» et ensuite apparaître comme l’avant-garde et le sauveur islamique pour lutter contre cette injustice, en recrutant de jeunes désenchantés produit par un tel climat.

 

2) L’utilisation abusive de passages coraniques.

 

Dans la déclaration, Da’ich cite explicitement deux versets du Quran et a fait allusion à de nombreux autres.

 

Ce n’est pas un phénomène nouveau; plutôt, comme l’Imam al-Shatibi, un juriste et érudit célèbre, a déclaré:

 

«Vous ne trouverez pas un innovateur, qui est attribué à cette religion, sans qu’il ne cherche à valider son hérésie par un texte divin, afin qu’il l’applique selon sa logique et désirs inavoués.»

(Al-ʿItiṣām (2/177)). 

 

Ils ont cité deux versets (traductions rapprochées) :

 

{Et ils pensaient qu’en vérité leurs forteresses les défendraient contre Allah. Mais Allah est venu à eux par où ils ne s’attendaient point, et a lancé la terreur dans leurs cœurs. Ils démolissaient leurs maisons de leurs propres mains, autant que des mains des croyants. Tirez-en une leçon, ô vous qui êtes doués de clairvoyance.} [Al Hashr/2]

 

{Or c’est à Allah qu’est la puissance ainsi qu’à Son messager et aux croyants. Mais les hypocrites ne le savent pas.} [Al Munafiqun/8]

 

Le premier verset a été appliqué tellement hors contexte que ça en est grotesque, ce qui prouve que le public ciblé est dépourvu de tout enseignement islamique de base.

 

Le verset en question se réfère à un groupe des Gens du Livre qui avaient une alliance avec le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui), qui était le chef de l’Etat islamique à l’époque.

 

Ces individus ont violé cet accord et ont conspiré pour assassiner le Prophète, croyant que leurs forteresses allaient inévitablement les protéger.

 

Le Prophète apprit cette atteinte et il leur ordonna de quitter leurs forteresses, en raison de leur violation du traité de paix.

 

La peur saisit leurs cœurs et ils ont été laissés sans autre alternative que de partir de ce qu’ils considéraient comme des murs impénétrables.

(Voir Tafsir Ibn Kathir ou tout autre tafsir classique.)

 

Comment cela peut-il être comparé à des civils mangeant dans un restaurant ?

 

Comment cela peut-il être comparé à tirer sur des humains innocents avec des kalachnikovs comme si c’était des canards ?

 

Quant au deuxième verset, il nous suffit de demander quel honneur est acquis par le meurtre d’humain de cette façon.

 

Ceci est la quintessence de la lâcheté; et donc citer un passage du Coran révèle comment ce groupe est malade et endoctriné.

 

3) Ils tentent de déshumaniser les victimes de ces attaques en louant richement les auteurs, tout en dépeignant leurs cibles comme des entités sans valeur, avec aucune valeur et aucun droit.

 

«La capitale de la prostitution et la pornographie.»

 

«Mettez le nez de son ennemi dans le sol.»

 

«Les rues de Paris et ses ruelles pourries.»

 

«Des centaines de apostats étaient rassemblés dans une partie de prostitution éhontée.»

 

«La mort de pas moins de 100 croisés.»

 

N’oublions pas qu’ils parlent d’êtres humains.

 

Le Prophète Muhammad (paix et bénédictions soient sur lui) a mentionné une fois un homme qu’Allah a admis dans le paradis parce qu’il avait éteint la soif d’un chien en lui donnant de l’eau.

 

Un érudit de l’Islam, Cheikh Ibn al-‘Uthaymīn, a commenté sur la tradition susmentionnée en disant : «Qu’en est-il d’un être humain ? ».

 

De plus, le péché le plus immoral dans l’Islam est l’idolâtrie [Shirk], et à l’époque du Prophète la Ka’ba bénie à La Mecque, qui a été construite par le Prophète Abraham, était habitée par diverses idoles et il était sous le contrôle de ses ennemis jurés.

 

Toutefois, cela n’a jamais été utilisé comme une justification de massacre d’innocents, même pendant les périodes au cours desquelles une grande hostilité a été montré au Prophète et ses compagnons.

 

Ce type de raisonnement a été formulé par les sectes hétérodoxes pour masquer leur folie et leurs âmes sales.

 

Aucune personne sensée n’est d’accord avec cela, et encore moins une religion qui a tant d’attention pour les créatures d’Allah qu’elle aborde même les droits d’une fourmi sur un être humain.

 

4) Ils tentent de présenter leur groupe en tant que représentants légitimes de l’Islam et des musulmans.

 

Ils se réfèrent eux-mêmes comme :

 

«Soldats du Califat».

 

«L’État islamique.»

 

«Les musulmans au cœur du califat.»

 

Cheikh al-Islam Ibn Taymiyya (Puisse Allah lui faire miséricorde) a souligné le besoin d’enquêter et d’être prudent lorsque des éléments marginaux commencent à crier au Jihad.

 

Il a déclaré:

 

«Toutefois, il est obligatoire de faire la différence entre le Jihad légiféré, qu’Allah et Son Messager ont ordonné, et le Jihad hérétique qui est le Jihad menée par des individus égarés qui effectuent un Jihad dans l’obéissance au diable, mais ils croient qu’ils effectuent un Jihad dans l’obéissance au Miséricordieux (al-Rahman).

Ceci est comme le Jihad des gens de l’innovation et de l’égarement comme les Khawarij (les renégats extrémistes) et d’autres qu’eux …  »

(Al-Radd al-Akhnā’ī’alā (p. 205))

 

5) Ils décrivent les auteurs comme des martyrs:

 

«Les jeunes qui ont divorcé ce monde et sont allés à leur ennemi cherchant à être tués dans le sentier d’Allah.»

 

«Alors qu’ils étaient honnêtes avec Allah…»

 

«Nous demandons à Allah de les accepter parmi les martyrs et nous les faire suivre.»

 

Ce n’est pas spécifique à cette époque, la personne responsable du meurtre du quatrième calife, un proche du prophète Muhammad, a adopté des croyances semblables à Da’ich, et quand il a frappé ‘Alī Abou Talib avec son épée, il récita un verset à propos de ceux qui vendent leurs âmes pour l’amour d’Allah.

 

Comme Da’ich, cet individu appartenait à un mouvement marginal qui était en désaccord avec le corps principal des musulmans.

 

Quand des groupes ou individus sont apparus dans le passé en appelant au Jihad, les savants examinaient attentivement ces revendications, posant des questions telles que,

 

«Ont-ils élever leur épée et frapper avec elle selon les enseignements du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) ou selon [un ensemble de] croyances hérétiques.»

 

Cela a été déclaré par le compagnon du Prophète, Ibn Mas’ud. (Al-Bida’ wa al-Nahy ‘Anhā)

 

Baigner dans le sang de personnes innocentes n’est pas un chemin vers le martyr, mais un chemin vers l’enfer, et prendre sa propre vie est un suicide, qui mérite, selon les textes islamiques, des tourments répétitifs dans l’au-delà.

 

6) Le langage est prétentieux et dramatique, comme si quelqu’un décrit un film hollywoodien :

 

«Invasion bénie de Paris.»

 

«Allah a conquis par leurs mains.»

 

«L’imbécile de France.»

 

«Paris tremblait sous leurs pieds.»

 

«L’odeur de la mort ne quittera jamais leur nez.»

 

«Cette attaque est la première de la tempête.»

 

La raison pour laquelle Da’ich choisit d’employer un tel langage mélodramatique est d’inciter les jeunes.

 

Les savants de l’islam à travers les âges, sur la base des traditions prophétiques, décrit comment les personnes les plus touchées par la bravade des extrémistes sont normalement les «naïfs, jeunes fous ».

 

Pour quelqu’un sans connaissance islamique grandissant dans les cités intérieures, face à des défis quotidiens, en particulier avec des perspectives sombres, cette rhétorique et les images chorégraphies sur le net peuvent être attrayantes.

 

Vaincre Da’ich, sans aucun doute, exige une approche multiforme et la partie la plus intégrante de cette stratégie est de fournir des contre-récits précis par des personnes qualifiées sur les lectures-audio de textes religieux.

 

Ces récits authentiques rigoureusement développés devraient ensuite être facilement accessibles à tout le monde d’une manière professionnelle et académique.

 

Cela à pour objectif d’invalider la rhétorique fallacieuse des extrémistes ainsi que l’éducation d’un public non-musulman confus et désemparé, les amenant à être justes et équitables dans leur propre analyse et leurs interactions avec les musulmans.

 

Hassan Abdi, le 15/11/2015, Philadelphia, USA

Traduit de l'anglais et publié par salafidenainetdailleurs.com

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