La prière du voyageur (audio)

Publié le par 3ilm char3i-La science legiferee

La prière du voyageur (audio)

Question :

 

Quelle est la définition langagière et religieuse du voyage ?

 

Réponse :

 

Dans la langue, le terme voyage désigne le fait de quitter les habitations de la ville dans laquelle on réside.

 

Entendu ?

 

Quitter les habitations de la ville dans laquelle on réside.

 

Du point de vue religieux, cela désigne toute sortie [de la ville] accompagnée de l'intention de voyager, ce qui implique une préparation qui n'est pas celle du résident.

 

Nul doute que le voyageur se prépare d'une manière particulière pour son voyage.

 

La première chose est l'intention.

 

Pour ce qui est de votre cas à vous, je ne pense pas qu'un seul d'entre vous ait eu l'intention de voyager dans ce trajet que vous avez effectué, et qu'un seul d'entre vous n'ait fait ses adieux à ses enfants ou son épouse, comme le fait le voyageur.

 

Et aucun d'entre vous ne s'est préparé comme un voyageur, et rien d'autre parmi les choses qu'implique le véritable voyage.

 

Voilà ce que l'on peut dire concernant le voyage d'un point de vue religieux, sachant qu'il y a de grands débats sur cette question depuis le passé jusqu'à nos jours en raison de la grande subtilité de cette question et l'absence d'une définition claire coupant court aux débats dans le Coran et la Sunna.

 

Mais c'est là l'avis qui nous semble le plus juste dans la définition du voyage d'un point de vue religieux.

Question :

 

Pourquoi as-tu accompli une prière de quatre raka'at ?

 

Réponse :

 

Je n'ai pas eu l'intention de voyager. 

 

Question :

 

Nous voudrions plus de détails.

 

Réponse :

 

Et pourquoi as-tu prié deux raka'at ?

 

Question :

 

J'ai accompli deux raka'at en me basant sur ce que j'ai entendu de vous.

 

Réponse :

 

Et qui est ?

 

Question :

 

Que nous étions voyageurs.

 

Réponse :

 

Où as-tu entendu cela de moi ?

 

Question :

 

J'ai interrogé à ce sujet Abû Sâlih.

 

Réponse :

 

Et tu as entendu cela de moi maintenant ?

 

Ce que j'ai dit est que celui qui se déplace d'un endroit à un autre en cherchant les pâturages ou l'herbe est voyageur.

 

Ce qui n'est pas notre cas, car nous avons quitté notre ville pour y revenir en soirée.

 

Donc pour moi la question n'est pas de parcourir une distance donnée, mais plutôt de considérer deux choses : la première qui en est le fondement est l'intention, et la deuxième est de sortir de la ville. 

 

Si on a l'intention de voyager et que l'on sort de la ville, les règles du voyage s'appliquent, sans prendre en considération la distance parcourue par la suite, qu'elle soit longue ou courte.

 

Si l'intention n'est pas présente, on peut parcourir une longue distance, on n'est pas pour autant considéré comme étant voyageur, car le voyage fait partie des choses liées à ce hadith à propos duquel certains savants ont dit qu'il représentait le tiers de la religion :

 

«Les actes ne valent que par leurs intentions, et chaque individu n'est récompensé qu'en fonction de son intention.» 

 

En vérité, cela fait partie des questions très subtiles sur lesquelles ont divergé les savants sans pouvoir se mettre d'accord sur une position totalement claire, si bien qu'aucun ne peut dire ceci est la vérité et rien d'autre.

 

Personne ne peut dire cela.

 

La seule chose que l'on puisse dire est : mon avis est celui-ci. 

 

Pour ma part, j'ai pour avis ce que j'ai compris de l'épître de Shaykh Al-Islâm ibn Taymiyyah sur ce sujet.

 

Il a en effet consacré une épître aux règles du voyage.

 

Il y a donné un exemple remarquable permettant au chercheur et à l'étudiant en science de comprendre que le voyage n'est pas lié au parcours d'une longue ou courte distance.

 

Pour ce qui est des courtes distances, je pense que cela ne donne lieu à aucun débat, car il est authentifié que le Prophète صلى الله عليه وسلم sortait parfois de la ville de Médine pour se rendre au cimetière de Al-Baqi' (à cette époque le cimetière n'était pas encore dans la ville) pour saluer les morts puis revenir, de même qu'il rendait parfois visite aux martyrs au mont Uhud pour les saluer puis revenir, sans pour autant se considérer voyageur, bien qu'il soit sorti de la ville.

 

A l'opposé, parcourir une longue distance n'implique pas nécessairement d'être voyageur. 

 

L'exemple donné par Shaykh Al-Islâm ibn Taymiyyah est le suivant : il évoqua les environs de Damas et une ville connue jusqu'à nos jours sous le nom de Dûmah.

 

Il parla d'un homme quittant Damas pour chasser à  Dûmah, parcourant ainsi 15km.

 

Nul doute que pour nous, si la condition de base qu'est l'intention est présente, alors c'est un voyage.

 

Mais il dit que cet homme n'est pas voyageur car il a quitté la ville pour chasser et revenir.

 

Mais il ne trouva pas le gibier escompté si bien qu'il poursuivit son chemin jusqu'à parvenir à la ville de  Halab située à une distance d'environ 400km de Damas de nos jours par la route.

 

Il dit donc que cet homme n'est pas voyageur bien qu'il ait parcouru plusieurs fois la distance lui permettant d'être considéré comme voyageur.

 

Ceci car la première condition qui est l'intention de voyager n'était pas présente chez cet homme.

 

Ainsi, nous pouvons dire que le chauffeur de taxi quittant 'Ammân le matin pour se rendre à Al-'Aqabah et revenir le soir n'est pas voyageur, car son intention n'est pas de voyager mais d'accomplir son travail.

 

Nous devons donc souligner cette condition de base qu'est l'intention pour montrer que la règle peut être différente pour deux hommes parcourant la même distance : le premier étant considéré comme voyageur et pas le second, et ce en raison de leurs différentes intentions. 

 

De même que découlent de ce point les règles de la résidence (l'établissement) temporaire en un lieu.

 

Deux hommes quittent la ville en tant que voyageurs et s'installent [pour un temps] dans une autre ville.

 

Le premier s'installe en tant que voyageur alors que le deuxième est considéré comme résident.

 

Pourquoi ?

 

Car il a une deuxième épouse dans cette ville, donc il a quitté une épouse pour se rendre chez une autre.

 

Donc le fait qu'il trouve une épouse qui l'accueille et facilite son installation conduit à ce que sa situation diffère de celle de son compagnon.

 

Nous pouvons donc en tirer un profit très important qui est que les règles du voyageur, malgré leur subtilité, diffèrent d'un individu à l'autre, et ainsi nous ne pouvons imposer à un individu une règle s'appliquant à un autre, et inversement.

 

Chaque serviteur doit donc prendre l'avis qu'il pense être le plus conforme à la vérité...

 

Nul doute que l'usage est essentiel pour celui qui a l'intention de voyager (afin de déterminer ce qui est considéré comme un voyage ou non), quant à celui qui n'a pas l'intention de voyager, cela ne limite en rien... 

S'ils sont voyageurs et s'arrêtent en un endroit et qu'on entre dans le temps de la première prière, celle de Dhuhr, la sunna consiste à ce qu'ils regroupent les prières du Dhuhr et 'Asr, en avançant l'accomplissement du 'Asr à l'heure du Dhuhr.

 

Et si au contraire ils continuent à se déplacer lorsqu'arrive le Dhuhr et poursuivent leur chemin jusqu'à entrer dans le temps du 'Asr, ils doivent alors s'arrêter et accomplir [dans cet ordre] les prières du Dhuhr et 'Asr en ayant repoussé l'accomplissement du Dhuhr au temps du 'Asr. 

 

En résumé, s'ils sont arrêtés à l'heure du Dhuhr, ils regroupent les deux prières en avançant l'accomplissement du 'Asr, sinon, ils regroupent à l'heure du 'Asr en repoussant l'accomplissement du Dhuhr.

 

De même, il leur est obligatoire d'accomplir ces prières en deux raka'at et non en quatre raka'at, car cela est une obligation et non une permission, et c'est là l'avis des savants le plus authentique [...] 

 

Ceci au contraire du regroupement des prières qui est une permission, en ce sens qu'il leur est permis d'accomplir en voyage chaque prière à son heure.

 

Mais le plus aimé auprès d'Allâh est qu'on accepte Ses permissions, comme le dit le Prophète صلى الله عليه وسلم :

 

«Allâh aime qu'on prenne Ses permissions, comme Il aime qu'on accomplisse Ses obligations

 

et dans un autre hadith :

 

«Allâh aime qu'on prenne Ses permissions, comme Il déteste qu'on Lui désobéisse.» 

 

Il est donc meilleur de regrouper les deux prières, surtout s'il y a une quelconque forme de difficulté (à accomplir chaque prière à son heure).

 

Le musulman ne doit pas se détourner des permissions d'Allâh, car cela cache une forme secrète de fierté et d'orgueil face à la permission d'Allâh comme l'a montré le Prophète صلى الله عليه وسلم lorsqu'un homme l'interrogea en lui rappelant la Parole d'Allâh (traduction rapprochée) :

 

«Ce n'est pas un péché pour vous de raccourcir la prière, si vous craignez que les mécréants ne vous causent du tort»

 

et il lui dit : «Ô Messager d'Allâh ! Pourquoi raccourcissons-nous la prière alors que nous sommes en sécurité ?»

 

Alors que notre Seigneur dit (traduction rapprochée) :

 

«si vous craignez que les mécréants ne vous causent du tort»

 

Le Prophète صلى الله عليه وسلم dit :

 

«C'est une aumône qu'Allâh vous fait, acceptez donc l'aumône d'Allâh.»

 

Est-il permis à l'esclave de refuser l'aumône de son maître, alors qu'Allâh est le Maître des maîtres comme l'a montré le Prophète صلى الله عليه وسلم lorsqu'un homme lui dit : «Tu es notre maître.»

 

Il répondit : «Le vrai Maître est Allâh.»

 

Si l'esclave ne peut refuser le don de son maître alors qu'il est une créature comme lui, alors comment refuser le don du Créateur.

 

Ainsi, puisque nous connaissons maintenant la différence entre l'obligation de raccourcir les prières et la permission de les regrouper, il ne faut pas négliger cette permission et l'accepter en remerciant Allâh pour Sa bonté envers nous. 

 

En résumé : le raccourcissement est obligatoire et le regroupement est recommandé.

 

De même, on accomplit pour les deux prières regroupées un seul adhân et deux iqâmah.

 

On n'accomplit pas l'adhân pour chaque prière mais un seul [avant la première prière], et avant chaque prière un iqâmah, c'est là la chose la plus authentique qui ait été rapporté du Prophète صلى الله عليه وسلم, comme dans la description du pèlerinage d'adieu qu'a fait Jâbir Ibn 'Abdillah Al-Ansârî.

 

Je dis cela car il y a d'autres versions, y compris dans les recueils de hadiths authentiques (Al-Bukhârî et Muslim) disant que lorsque le Prophète صلى الله عليه وسلم regroupa les prières à Minâ, il y eut deux adhân et deux iqâmah, mais dans le lexique des spécialistes du hadith, on dit que la mention des deux adhân n'est pas ce qui est transmis par la majorité des rapporteurs qui est un seul adhân pour les deux prières et un iqâmah pour chaque prière.

 

Dès que l'on a accomplit la première prière, on se lève pour accomplir l'iqâmah de la deuxième prière, sans espacement par la récitation de formules d'évocation et encore moins par l'accomplissement de prières surérogatoires car celles-ci cessent lors du voyage.

 

Les prières qu'il est légiféré d'accomplir avant et après la prière, comme pour la prière du Dhuhr par exemple, toutes ces prières surérogatoires cessent, sauf pour deux d'entre elles : la prière surérogatoire du Fajr et celle du Witr, comme le dit 'Âishah : 

 

«Le Prophète صلى الله عليه وسلم ne délaissait jamais ces deux raka'at (surérogatoires du Fajr) qu'il soit voyageur ou résident.»

 

ce qui montre l'importance de ces deux raka'at.

 

Cela est appuyé par la parole du Prophète صلى الله عليه وسلم :

 

«Les deux raka'at [surérogatoires] de l'aube sont meilleures que ce monde et tout ce qu'il contient

 

c'est pourquoi le Prophète صلى الله عليه وسلم les accomplissait même en voyage.

 

De même pour la raka'at du Witr que le Prophète صلى الله عليه وسلم accomplissait également en voyage, même en chevauchant sa monture lorsqu'il ne pouvait s'arrêter pour les accomplir au sol.

 

Ainsi, lorsqu'ils ont terminé la première prière et qu'on prononce l'iqamah de la deuxième, il n'y a pas d'espacement ni par des formules d'évocation ni par des prières surérogatoires.

 

Ensuite, lorsqu'ils ont accompli la deuxième prière, on ne trouve rien dans la Sunna nous empêchant de prononcer les formules d'évocation connues après les prières à toute heure, mais il n'y a pas d'espacement dans l'accomplissement des deux prières obligatoires.

Question :

 

Quelle est la limite (de temps) permettant le raccourcissement de la prière ?

 

Réponse :

 

Tu veux dire pendant le voyage ? 

 

On ne trouve ni dans le Coran ni dans la Sunna de limites de distances ou de temps.

 

Nous pouvons tous lire dans le Coran la manière dont Allâh expose une question liée aux jeûneurs (traduction rapprochée) :  

 

«Quiconque d'entre vous est malade ou en voyage devra jeûner plus tard un nombre égal de jours.» (Al-Baqarah, 184)

 

Ce qui nous intéresse ici dans ce verset est qu'Allâh dit (traduction rapprochée) :

 

«Quiconque d'entre vous est malade ou en voyage».

 

Ainsi, de la même manière qu'Il n'a pas donné de limites à la maladie, Il n'a pas fixé non plus de limites au voyage.

 

C'est pourquoi toute personne quittant la ville où elle réside devient voyageuse, car le voyage est lié au fait de sortir de la ville.

 

Si quelqu'un quitte sa ville avec l'intention de voyager, il devient voyageur, qu'il parcourt une courte ou longue distance.

 

Ce qui va déterminer ce qu'est un voyage est l'usage et la langue, et non la distance que la plupart des gens ignorent.

 

C'est cet avis qu'il faut prendre en compte et ne pas troubler les esprits en fixant des distances pour délimiter le voyage, car on ne trouve rien de cela dans le Coran ou la Sunna [...] 

 

[Arriver à destination, tout dépend de son intention] soit cet individu veut s'installer [temporairement ou définitivement] à cet endroit, soit il ne veut pas s'y fixer.

 

S'il veut s'y installer il n'est plus voyageur et doit appliquer les règles du résident, mais s'il ne veut pas s'installer en ce lieu il reste voyageur et les règles du voyage s'appliquent comme la permission de rompre le jeûne pendant Ramadan, de regrouper les prières connues, l'obligation de raccourcir les prières, et d'autres choses encore. 

 

Mais il faut prêter attention à un point que nos pieux prédécesseurs ont pris en considération.

 

Ils ne disaient pas d'un homme qui s'installait (pour un temps) en un lieu qu'il n'était plus pour autant voyageur, mais ils utilisaient des termes plus précis que le fait de dire : «il a l'intention de s'installer.»

 

Ainsi, ils disaient : «Il s'est décidé (Ajma'a) à s'installer.», c'est pourquoi je dis en suivant leur exemple : le voyageur qui arrive dans une ville et se décide à s'y installer (temporairement), devient résident, mais s'il ne se décide pas à s'y installer, il reste voyageur. 

 

Il peut donc se décider à s'installer (ce que l'on peut facilement concevoir) ou au contraire «ne pas se décider à s'installer», mais comment cela se manifeste-t-il concrètement ?

 

Nous disons : celui qui arrive dans une ville pour y réaliser une affaire (ou accomplir une tâche, etc) et se décide à s'installer et ainsi se repose et se met au calme, devient résident.

 

Mais s'il se dit : demain je repars, après-demain je repars, en raison des incertitudes qui pèsent sur le chemin qu'il doit emprunter, alors il ne s'est pas décider à s'installer, il est hésite dans son intention, si bien qu'il reste voyageur dans cette situation, même si elle dure plusieurs mois.

 

Ainsi, on rapporte authentiquement que lorsque Ibn 'Umar est parti livrer une bataille, après la mort du Prophète صلى الله عليه وسلم, aux environs de Khurâsân (aujourd'hui au Nord-Est de l'Iran), ils furent pris dans la neige et ils établirent un campement où ils raccourcirent la prière pendant six mois, jusqu'à ce que le chemin se libère et qu'ils puissent retourner chez eux.

 

Voilà ce que l'on peut dire sur le voyage et ses limites, et  en résumé il n'y a aucune preuve ni dans le Coran ni dans la Sunna venant délimiter le temps du voyage ou de l'installation, et tout ce qui a pu être rapporté en ce sens doit être interprété en fonction de l'intention qu'ont eu [le Prophète ou les compagnons de s'installer ou non]. 

Ce que nous voulons montrer est que cette limite (de quatre jours fixés par certains savants) n'a aucune valeur.

 

Un homme arrive dans une ville et veut y passer cinq jours, cela n'en fait pas pour autant un résident, il est toujours en voyage.

 

Tant qu'il est comme Allâh dit (traduction rapprochée) :  

 

«Quiconque d'entre vous est malade ou en voyage» alors il ne cesse d'être voyageur et les règles du voyage s'appliquent à lui.

 

Si ce groupe (d'étudiants) vient jusqu'ici et que de nos jours l'usage répandu chez les gens fait de ce trajet un voyage, et qu'ils vont retourner chez eux, alors ils sont voyageurs, sauf s'ils veulent s'installer ici sans vouloir repartir d'où ils sont venus.

 

En résumé, il n'y a aucune preuve pour montrer que celui qui a l'intention de rester plus de quatre jours devient résident, même s'il est toujours en voyage. 

Peut on comparer cela (le récit de Ibn 'Umar) avec ce que nous entendons de certains savants de nos jours qui disent à propos de certains étudiants qui voyagent d'un pays à un autre, qu'il s'agisse d'un pays d'islam ou de mécréance, pour leurs études ?

 

Un étudiant quitte par exemple un pays arabe pour se rendre aux USA ou en Europe afin d'y demeurer plusieurs longues années, quatre voire plus.

 

Ces savants disent qu'il est voyageur.

 

Comment serait-il voyageur. 

 

Nous disons : la parole d'Allâh (traduction rapprochée) : 

 

«Quiconque d'entre vous est [..] en voyage» s'applique-t-elle à lui ?

 

Non, jamais !

 

C'est un résident, même en considérant que lorsqu'il est arrivé dans ce pays, il n'avait pas l'intention de s'installer.

 

Mais en vérité, il voulait s'installer, ne serait-ce que le temps des études.

 

Puis lorsque vient le temps de visiter son pays pendant les vacances, il le fait, sinon il n'y revient pas.

 

La question est donc très subtile, mais si l'étudiant en science médite sur ce point, il verra si Allâh le veut qu'en fait elle est très claire. 

Question :

 

Quelle est la règle concernant le voyageur qui entend l'appel à la prière ?

 

Réponse :

 

Si nous croyons avec conviction que le voyageur n'est pas obligé d'accomplir la prière du  Jumu'ah (et c'est l'avis de la majorité des savants), et que l'obligation d'assister à la prière du Jumu'ah est plus forte encore que la simple prière en commun, et que malgré tout le voyageur n'est pas obligé d'y assister.

 

Alors, a fortiori, l'obligation d'assister à la prière en commun cesse.

 

Mais une autre obligation pèse sur ce voyageur et qui est : s'il se trouve avec un groupe de voyageurs ou un groupe de résidents et qu'on appelle à la prière, dans ce cas il lui est obligatoire de prier en commun.

 

Ceci car il est rapporté dans Al-Bukhârî, ces propos du Prophète صلى الله عليه وسلمadressés à Mâlik Ibn Al-Huwayrith :

 

«Si vous êtes en voyage, que l'un de vous appelle à la prière, et que le plus âgé d'entre vous dirige la prière

 

Donc il leur a ordonné d'accomplir la prière en groupe, un groupe spécifique de voyageurs.

 

C'est là la réponse. 

Question :

 

Tu es voyageur et te joins à un groupe de résidents accomplissant la prière du 'Asr ou une autre prière de quatre raka'at.

 

Tu n'arrives que pour les deux dernières raka'at, alors que fais-tu, tu salues avec l'imam ou tu complètes à quatre raka'at ?

 

Et quelles sont les preuves à ce sujet ?

 

Réponse :

 

Lorsque le voyageur prie derrière un imam résident, la prière du voyageur se transforme en la prière de ce résident.

 

Donc, même si le voyageur rejoint l'imam juste avant le salut final et que l'imam quitte la prière, le voyageur doit compléter totalement la prière.

 

Ceci car il est rapporté dans le Sahih Muslim et le Musnad de l'imam Ahmad, qu'on interrogea 'AbdAllâh Ibn 'Abbas à propos du nomade qui raccourcit la prière lorsqu'il est en voyage, donc comment devait-il prier ici à La Mecque, derrière l'imam ?

 

Il répondit :

 

«Il accomplit une prière normale (de quatre  raka'at), et c'est là la sunna de Abû Al-Qâsim (le Prophète صلى الله عليه وسلم).»

 

C'est une preuve claire sur cette question, et cela est appuyé par la globalité de la parole du Prophète صلى الله عليه وسلم rapportée par Al-Bukhârî et Muslim :

 

«L'imam n'est là que pour être suivi.»

 

Donc, lorsque le voyageur prie derrière un imam résident, la prière du voyageur se transforme en prière de résident, et il doit prier normalement, et ce même s'il manque toutes les  raka'at (avec l'imam) comme nous l'avons rappelé.

L'imam voyageur n'a pas le droit d'accomplir une prière de quatre raka'at, mais il doit suivre le Prophète صلى الله عليه وسلم en toute situation et se conformer à sa parole lorsqu'on lui dit : «Ô Messager d'Allâh ! Pourquoi raccourcissons-nous la prière alors que nous sommes en sécurité ?»

 

Le Prophète صلى الله عليه وسلم dit :

 

«C'est une aumône qu'Allâh vous fait, acceptez donc l'aumône d'Allâh.»

 

Le voyageur qui dirige les gens dans la prière doit raccourcir la prière.

 

Par exemple, si je vous dirige dans la prière, j'accomplirai la prière du I'sha en deux raka'at, par contre vous devrez vous l'accomplir en quatre raka'at.

 

Car l'obligation pour moi est de l'accomplir en deux  raka'at, alors que pour vous c'est de l'accomplir en quatre raka'at.

 

Il ne m'est pas permis de prêter attention à vous, ou en des termes plus précis : il ne m'est pas permis de vous suivre dans la prière.

 

Votre prière est celle du résident, alors que ma prière est celle du voyageur.

 

L'imam ne doit pas devenir un fidèle, et inversement le fidèle ne devient pas imam, de sorte que le fidèle suive l'imam qui, lui-même suit le fidèle, non. 

 

Ainsi, si une personne résidente prie derrière un imam voyageur, elle doit compléter sa prière lorsque l'imam prononce le salut final. A l'inverse, lorsqu'un voyageur prie derrière un imam résident, la prière du voyageur devient une prière de résident, et il doit accomplir quatre raka'at.

 

C'est ce qu'indiquent clairement les Textes, mais vous pouvez entendre le contraire de certaines personnes, alors prenez garde !

 

Il est rapporté dans le  Sahih Muslim qu'un nomade demanda à 'AbdAllâh Ibn 'Abbâs qui était lui de La Mecque : «Ô Abû Al-'Abbâs - qui est le surnom de 'AbdAllâh Ibn 'Abbâs - Pourquoi lorsque nous sommes en voyage raccourcissons-nous la prière et lorsque nous sommes ici dans la Mosquée Sacrée, complétons-nous la prière ?»

 

Il répondit :

 

«C'est là la Sunna de Abû Al-Qâsim.»

 

Ce qui signifie que lorsque le voyageur prie seul, il lui est obligatoire de raccourcir la prière, mais s'il prie derrière un imam résident, il doit le suivre.

 

Et cette deuxième règle qui apparaît dans le hadith du Sahih Muslim complète la parole du Prophète صلى الله عليه وسلم :

 

«L'imam n'est là que pour être suivi, ne divergez donc pas de lui.»

 

Si tu pries derrière un imam résident et qu'après s'être assis pour le premier Tashahhud, l'imam se lève et que toi tu prononces le salut final, tu as divergé de lui en t'opposant à la Sunna authentique que nous venons de rappeler dans le hadith de Ibn 'Abbâs. 

Question :

 

Lorsqu'un imam voyageur accomplit la prière et qu'il la raccourcit, il se peut qu'il dirige des gens qui sont eux résidents et on l'entend parfois dire après avoir salué : «votre imam est voyageur, complétez votre prière.»

 

Est-ce là la Sunna authentique ?

 

Réponse :

 

Oui, il lui est obligatoire, lorsqu'il dirige des résidents dans la prière, de dire : complétez votre prière, car nous sommes voyageurs.

 

C'est ce qu'on rapporte du Prophète صلى الله عليه وسلم par une chaîne de transmission faible, mais authentiquement du Commandeur des croyants 'Umar Ibn Al-Khattâb qui dit :

 

«complétez votre prière, car nous sommes voyageurs.»

 

Mais on ne peut dire cela qu'après le salut final.

 

Mon avis concernant ce salut, et c'est là un avis que je donne sans pouvoir m'appuyer sur un Texte clair, mais uniquement par compréhension et déduction des Textes.

 

Je suis d'avis que ce salut doit se faire à voix basse, et ce afin d'appliquer la parole du Prophète :

 

«La fin de la prière est marquée par le salut final.»

 

S'il prononce cette parole pendant la prière, c'est une parole (humaine, alors que la prière n'est composée que de louanges et de récitations, et toute parole n'est adressée qu'à Allâh) et la prière est invalidée.

 

Par contre s'il sort de la prière, celle-ci est valide, même s'il salue à voix basse, de même que la prière serait valide s'il entrait dans la prière en prononçant le Takbir à voix basse.

 

S'il dirige des résidents dans la prière, je suis d'avis qu'il prononce le salut final à voix basse afin de ne pas mettre en difficulté les fidèles qui sont malheureusement le plus souvent inattentifs, si bien qu'ils saluent directement avec l'imam sans se rendre compte qu'ils doivent compléter la prière.

 

Mais s'il leur dit «complétez votre prière car nous sommes voyageurs», il est plus probable qu'ils complètent, et je n'en suis pas certain pour l'avoir vécu plusieurs fois et avoir indiqué que j'étais voyageur, des gens saluaient malgré tout, en raison de leur grande inattention.

 

Question :

 

Il vaut mieux qu'il les informe avant la prière.

 

Réponse :

 

Oui cela est meilleur.

 

Gloire à Allâh, tu m'as rappelé un évènement qui s'est déroulé alors que j'étais à Tabûk chez un ami à qui je rendais visite, et il y avait une mosquée proche de sa maison.

 

Pour la prière du 'Ishâ, nous nous sommes rendus à la mosquée et il m'a demandé de diriger la prière.

 

Je lui ai dit discrètement : «Ces gens ne sont pas prêts à voir ce qu'ils considèrent être une innovation : que l'imam accomplisse deux raka'at, et qu'il leur dise : complétez votre prière, c'est là une chose étrange.

 

Il me dit : pourquoi ne pas leur apprendre la Sunna ?

 

Je dis : j'aimerais le faire mais j'ai peur qu'ils nous fassent des problèmes.

 

Il me dit : ne t'en occupe pas.

 

J'ai donc fait une conférence sur ce thème, mais malgré tout il y eut des problèmes après la prière.

 

Ils dirent : pourquoi laisses-tu cet homme nous diriger dans la prière, il vient nous perturber, etc.

 

Mais comme nous disions auparavant mon frère, c'est la Sunna du Prophète صلى الله عليه وسلم qui lorsqu'il dirigeait dans la prière des résidents, ne se souciait pas d'eux et raccourcissait la prière.

 

On a rapporté ces propos de lui comme nous l'avons rappelé précédemment, ainsi que de manière authentique de 'Umar Ibn Al-Khattâb qui était à La Mecque et priait devant des résidents, alors que lui était voyageur.

 

Mais il était le Commandeur des croyants, donc il dirigeait la prière et la raccourcissait.

 

Et il leur disait :

 

«complétez votre prière car nous sommes voyageurs».

 

Publié par salafs.com

Cheikh Mouhammad Nacer-dine Al-Albany - الشيخ محمد ناصر الدين الألباني

Publié dans Voyage - سفر

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