Secrets de la considération et du respect du prêcheur

Publié le par 3ilm.char3i - La science legiferee

Secrets de la considération et du respect du prêcheur

Louange à Allah Seigneur des Mondes. 

Que la paix et la bénédiction soient sur celui qu’Allah a envoyé en miséricorde pour l’humanité, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au jour du jugement.
 
L’une des plus grandes causes qui permettent de préserver la place du prêcheur à Allah, d’accroître son honneur et sa dignité est qu’il travaille pour obtenir un revenu d’une source de subsistance appropriée. 

 

Un revenu grâce auquel il subvient à ses dépenses et se satisfait de ce qu’Allah lui a donné comme bienfaits.
 
Cela lui permet d’éviter de demander aux gens ce dont il a besoin pour se nourrir, se vêtir, se loger, etc.. Il ne demande qu’à Allah .

Il ne recherche sa subsistance qu’ auprès de Lui.

Ce revenu lui permet de se passer des gens.

S’il joint la possession de l’argent au savoir, le prêcheur obtiendra alors la perfection, la vertu et la satisfaction.

Le Prophète sallallahou 'alaihi wa sallam a dit :

« A vraiment réussi celui qui a embrassé l’Islam, qui s’est contenté du nécessaire dans sa subsistance et à qui Allah a inspiré la satisfaction du lot qu’Il lui a octroyé » [1]

Par ailleurs, l’Ange Djibril  a montré au Prophète  le chemin de la dignité du musulman et de son honneur dans le hadith rapporté par Sahl Ibn Sa`d  qui a dit : « Djibril  est venu voir le Prophète sallallahou 'alaihi wa sallam et lui a dit :

« Oh Muhammad ! Vis autant que tu veux, mais sache que tu mourras quand même.
Fais ce que tu veux, mais tu en seras rétribué.
Aime qui tu veux, mais sache que tu le quitteras quand même.
Sache que l’honneur du croyant se trouve dans ses prières nocturnes et que sa dignité réside dans le fait de se passer des gens »
 [2]

En effet, celui qui renonce à solliciter les gens gagnera leur amour et leur sympathie.

Il en découle que l’honneur du prêcheur se trouve dans le fait de s’abstenir de demander de l’argent ou de le désirer, sauf en cas d’extrême nécessité.

De fait, la nature humaine fait que les gens désapprouvent ceux qui les sollicitent et con voitent ce qu’ils possèdent.

D’après Sahl Ibn Sa`d : « Un homme est venu voir le Prophète sallallahou 'alaihi wa sallam et lui a dit : « Oh Messager d’Allah ! Indique-moi une œuvre dont l’accomplissement fera qu’Allah m’aimera et les gens aussi ». Le Messager d’Allah sallallahou 'alaihi wa sallam lui répondit :

« Renonce aux biens de ce bas monde Allah t’aimera.
Ne convoite pas ce que possèdent les gens, ils t’aimeront »
 [3]

En effet, ne pas convoiter ce que possèdent les gens suscite leur amour.

En outre, la quête de leur amour est demandée dans la religion.

Ceci se voit dans le hadith du Prophète sallallahou 'alaihi wa sallam :

« Par Celui qui tient mon âme dans Sa main, vous n’entrerez au paradis que si vous êtes réellement croyants.
Et vous ne serez réellement croyants que si vous vous aimez les un les autres.
Voulez-vous que je vous indique une chose par laquelle vous vous aimerez les uns les autres ?
Répandez le salut (Salam) parmi vous ! »
 [4]

Ce hadith incite à répandre le salut tout comme l’autre hadith qui incite à se faire des cadeaux.

Le Prophète sallallahou 'alaihi wa sallam dit :

« Offrez-vous des cadeaux, vous vous aimerez les uns les autres » [5]

Ces deux choses entraînent l’amour, qui consolide la relation de foi et renforce l’entraide fraternelle basée sur le bien et la piété.

L’avidité dans la quête de l’argent et la convoitise de ce que possèdent les gens portent atteinte à la réputation du prêcheur, dégrade son rang et le déprécie aux yeux des gens, tandis que se détourner totalement de la quête de l’argent au profit de la science rend sa vie tourmentée et perturbe sa tâche de prêcheur, à cause de sa pauvreté.

Cette pauvreté le conduit à la complaisance afin de stabiliser sa situation.

Certains parmi nos pieux Salafs disaient :

« Celui qui s’investit pleinement dans la science du hadith, qu’il se prépare à la pauvreté.
Alors, qu’il ne prenne de la science du hadith que selon sa capacité et qu’il exerce un métier pour se prémunir de la pauvreté» 
[6]

Pour cette raison, il convient, pour le prêcheur, de garder le juste milieu et la modération concernant l’acquisition de l’argent ; il ne doit pas être accaparé par celui-ci ni le négliger complètement.

Dans cette même conception de modération, Ibn El-Djawzi رحمه الله a écrit dans « Manfa`at El-Mâl » (l’Utilité de l’Argent) :

« Il n’y a pas plus profitable dans cette vie pour les savants que de gagner de l’argent pour ne pas dépendre des gens. En effet, si on joint l’argent à la science on atteindra la perfection.
La majorité des savants ont été absorbés par la science au détriment de l’argent. Mais comme le besoin à l’argent est indis pensable et qu’ils n’ont pas pu patienter, ils se sont engouffrés dans des situations - même s’ils les ont justifiées - qui les ont avilis alors que d’autres issues étaient meilleures pour eux... Ceux là, même s’ils ont fait un effort de justification, ils ont perdu de leur coeur et de leur intégrité religieuse beaucoup plus qu’ils ont amassé dans leur vie d’ici-bas.

Nous avons vu beaucoup parmi les soufis et les savants qui se rapprochent des gouverneurs par convoitise de leurs biens. Certains étaient complaisants et ostentatoires, d’autres faisaient des éloges exagérés. D’autres encore se taisaient face aux interdits commis etc.. La cause de cette complaisance est la pauvreté.

Il s’avère que l’intégrité de la dignité et le fait de s’écarter de l’ostentation résident dans l’éloignement des gouverneurs injustes. Deux catégories de gens seulement ne sont pas tombés dans cette complaisance : celui qui a de l’argent comme Saïd Ibn El-Moussaïb qui faisait le commerce de l’huile et d’autres choses, ainsi que Soufyâne Eth-Thawri et Ibn El-Moubârak qui étaient marchands, et celui qui est très patient et se satisfait de sa subsistance même si elle ne lui suffit pas comme Bichr El-Hâfi et Ahmed Ibn Hanbel. Celui qui est privé de la patience de ces deux catégories de gens et de leur perfection sera sûrement sujet aux souffrances et aux épreuves. Il peut même perdre sa religion.

Tu dois donc, toi l’étudiant en science (de la religion islam ique), redoubler d’efforts pour amasser de l’argent afin de te passer des gens. Ta religion n’en sera que davantage complète.

De manière générale, il n’est d’hypocrite montrant la pratique de la religion, l’ascétisme et l’humilité, ni un savant voyant sa réputation compromise par un vice que par l’attirance de la vie d’ici-bas, provoquée par la pauvreté. Celui qui possède ce qui lui suffit et en cherche plus en fréquentant les gens du pouvoir sera compté parmi les gens cupides ; il est loin des meilleurs savants. Qu’Allah nous préserve de telles situations » [7]

Soufyâne Ath-Thawri رحمه الله a dit :

« Celui qui tient dans sa main cette chose [c’est-à-dire l’argent] qu’il en face bon usage, car nous vivons dans une époque où celui qui est dans le besoin sacrifie en premier sa religion » [8]

Il a dit aussi رحمه الله :

« Oh vous les gens instruits, relevez vos têtes car la voie s’est éclaircie. Travaillez et ne soyez pas une charge sur les autres » [9]

Ainsi, si le prédicateur au sentier d’Allah n’a pas de ressources pour subvenir à ses besoins et ses dépenses, il doit gagner de l’argent licite, selon ce dont il a besoin et sans exagérer.

Lorsqu’un homme venait chez Soufyâne Ath-Thawri pour acquérir le savoir, il lui demandait : « As-tu de quoi subvenir à tes besoins ? ».

Si la personne l’informait qu’il l’en avait, il l’ordonnait d’acquérir le savoir.

Si ce n’était pas le cas, il lui recommandait de rechercher les moyens de sa subsistance » [10]

Je dis que ceci visait à concentrer les préoccupations de la personne, à avoir le coeur tranquille, à protéger son honneur vis-à-vis des gens afin d’accomplir sa mission éducative et son message de prédication en toute dignité, en se suffisant de ce que possèdent les gens, loin de toute complaisance et ostentation.

Ceci lui confère un meilleur avenir, et lui sera plus profitable ici-bas et dans l’au-delà.

Le Prophète 
sallallahou 'alaihi wa sallam a dit :


« Celui dont la préoccupation est l’au-delà, Allah lui donnera la richesse du coeur, lui arrangera ses préoccupations et la vie d’ici-bas lui sera soumise » [11]

Mais « Quand son désir d’argent redouble, les ennuis commencent ; quand il n’avait rien, il était dans la confusion. Maintenant qu’il est dans la confusion pour posséder plus de choses. Résultat : il aura passé sa vie à être dans la confusion :
Celui qui passe son temps à garder son argent de peur de la pauvreté, est déjà pauvre » [12]

Le Prophète 
sallallahou 'alaihi wa sallam a dit :


« Celui dont la seule préoccupa tion est la vie d’ici-bas, Allah mettra la pauvreté entre ses yeux, il dispersera ses préoccupations et il n’obtiendra de la vie d’ici-bas que ce qu’il lui aura été prédestiné » [13]

Nous demandons à Allah  de nous bien guider et de nous accorder la piété, la vertu, la subsistance et la richesse.

Qu’Il fasse que l’au-delà soit notre seule préoccupation.

Qu’Il nous satisfasse de ce qu’Il nous a donné, car Il est capable de toute chose.

Il est Seul Capable d’exaucer nos invocations. Notre dernière invocation est louange à Allah Seigneur des Mondes.

Et que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur Mohammed, sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au jour du jugement.

[1] Rapporté par Mouslim dans son « Sahîh »,  chapitre de  « l’aumône légale », concernant le contentement du peu de subsistance et la sobriété (hadith 2426) et Et-Tirmidhi dans ses « Sounane », chapitre de « l’ascétisme », à propos de ce qui a été rapporté sur le contentement du peu de subsistance et la patience qui doit l’accompagner (hadith 2348) et Ibn Mâdjah dans ses « Sounane », chapitre de « l’ascétisme », en ce qui concerne la sobriété (hadith 4138) et Ahmed dans son « Mousnad » (hadith 6572), d’après Abd Allah Ibn `Amr Ibn El-`Âs .
[2] Rapporté par El-Hâkim dans « El-Moustadrak » (hadith 7921) et Et-Tabarâni dans « El-Awsat » (4/306) et El-Bayhaqi dans « Chou`ab El-Îmâne » (hadith 10541), d’après le hadith de Sahl Ibn Sa`d . Hadith jugé « bon » par El-Moundhiri dans « Et-Targhîb Wa Et-Tarhîb » (1/243), et El-Haythami dans « Madjma` Az-Zawâ'id » (10/374) et par El-Albâni dans « Es-Silsilah As
Sahîhah » (hadith 831).
[3] Rapporté par Ibn Mâdjah dans ses « Sounane », chapitre de « l’ascétisme », sur l’ascétisme dans ce bas-monde (hadith 4102) et El-Hâkim dans « El-Moustadrak » (hadith 7873) et El-Beyhaqi dans « Chou`ab El-Îmâne » (hadith 10523), d’après le hadith rapporté par Sahl Ibn Sa`d . Ce hadith est jugé « bon » par En-Nawawi dans « El-Adhkâr » (les invocations) (503) et Ibn Radjab dans « Djâmi` El-`Ouloûm Wa El-Hikem » (1/286) et El-Albâni dans « Es-Silsilah As-Sahîhah » (hadith 944).
[4] Rapporté par Mouslim dans son « Sahîh », chapitre de « la foi », concernant le fait qu’il n’entrera au paradis que les croyants (hadith 194) et Abou Dâwoûd dans ses « Sounane », chapitre « des bonnes manières », concernant la propagation du salut (hadith 5193) et par Et-Tirmidhi dans ses « Sounane », chapitre de « l’autorisation », à propos de ce qui a été rapporté sur la propagation du salut (hadith 2688) et Ibn Mâdjah dans ses « Sounane », chapitre des « bonnes manières », concernant la propagation du salut (hadith 3692) et Ahmed dans son « Mousnad » (hadith  9821), d’après un hadith d’Abou Hourayra .
[5] Rapporté par El-Boukhâri dans « El-Adab El-Moufrad » (1/208) et par El-Beyhaqi dans « Es-Sounane El-Koubra » (hadith 12168), d’après le hadith rapporté par Abou Hourayra  ; un hadith dont la chaîne de transmission a été jugée « correcte » par  El-`Irâqi dans « Takhrîdj El-Ihyâ' » (2/41). Ce hadith est jugé « bon » par Ibn Hadjar dans « Et-Talkhîs El-Habîr » (3/155) et par El-Albâni dans « El- Irwâ' » (hadith 1601).
[6] Rapporté par El-Khatîb El-Baghdâdi dans « El-Djâmi` Li Akhlâq Er-Râwi » (1/99).
[7] « Sayd El-Khâtir » d’Ibn El-Djawzi (154-155).
[8] « Hilyat El-Awliyâ' » d’Abou Nou`aym (6/381).
[9] Source précédente (6/382).
[10] Rapporté par El-Khatîb El-Baghdâdi dans « El-Djâmi` Li Akhlâq Er-Râwi » (1/98).
[11] Rapporté par Et-Tirmidhi dans ses « Sounane », chapitre de « la description du jour de la résurrection » (hadith 2465), d’après le hadith rapporté par Anas Ibn Mâlik . Ce hadith est jugé « bon » par El-Albâni dans « Es-Silsila Es-Sahîhah » (hadith 949).

[12] « Sayd El-Khâtir » d’Ibn El-Djawzi (p.267).
[13] Rapporté par Et-Tirmidhi dans ses « Sounane », chapitre de « la description du jour de la résurrection » (hadith 2465), d’après le hadith rapporté par Anas Ibn Mâlik . Ce hadith est jugé « bon » par El-Albâni dans « Es-Silsila Es-Sahîhah » (hadith 949). 



 Publié par ferkous.com

Cheikh Abou Abdil-Mou'iz Mouhammad 'Ali Ferkous - الشيخ أبي عبد المعزّ محمد علي فركوس

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