Sache que l’enfant est un dépôt auprès de ses parents…
Sache que l’enfant est un dépôt auprès de ses parents.
Son coeur est un joyau brut, prêt à (recevoir) toute taille.
Ainsi, s’il est habitué au bien, il grandira dessus et ses parents et son éducateur participeront à sa récompense.
Et s’il est habitué au mai, il grandira dessus et le fardeau sera au cou de son tuteur.
Il incombe donc à ce dernier de le protéger, de l’éduquer, de le discipliner, de lui enseigner les hautes moralités, de le préserver des vils camarades, de ne pas l'accoutumer à l'agrément, de ne pas lui faire aimer les voies de l'opulence de sorte qu'il perde sa vie à sa recherche une fois grand.
il doit veiller sur lui et ce, dès son plus jeune âge.
Ainsi, il n’emploie, pour son allaitement et sa garde, qu'une femme vertueuse, pieuse, qui mange le licite.
Car le lait provenant de l'illicite ne contient aucune bénédiction.
Puis, lorsqu'apparaissent en lui les signes du discernement, et en première ligne, la pudeur - laquelle est l'indice de la maturité et le présage de I'intégrité de la raison à la puberté - alors pour un tel (enfant), on recourt à sa pudeur pour son éducation.
Et la première caractéristique qui a raison de lui est l'avidité de la nourriture.
Dès lors, il lui incombe de lui enseigner les bonnes manières du manger, et de l'habituer au pain seul par moments afin qu’il ne s’accoutume pas au condiment de sorte qu'il le considère comme impératif.
Et il lui fait mépriser le trop-plein de nourriture, en comparant le glouton aux animaux.
Il lui fait aimer les habits blancs, non ceux maculés et ceux faits de soie.
Et il déclare auprès de lui que cela fait partie des us des femmes et des efféminés.
Il lui interdit de se mêler aux enfants qui ont été accoutumés a la jouissance.
Il l’occupe au bureau avec l'enseignement du Coran, le hadith et les "ahâdith akhbâr" (ndt : "information traditionnelle" dans la terminologie du hadîth) afin qu'il sème dans son coeur l'amour des vertueux.
Et il ne mémorise pas les poèmes dans lesquels est mentionné l'amour passionnel.
Et lorsque l'enfant fait montre d’un beau comportement ou d'un agissement louable, il doit être honoré à ce titre et récompensé avec ce qui le ravira, et son éloge doit être fait parmi les gens.
Et s'il enfreint cela dans certains cas, on fait mine de ne pas y préter attention et on ne le met pas à découvert.
S’il réitère, on le réprimande alors en secret, et on lui fait craindre que les gens ne le découvrent.
Et on ne multiplie pas les reproches à son encontre, car cela lui fait prendre à la légère l'écoute des remontrances.
Et qu'il soit gardien de la crainte respectueuse (suscitée par le fait) de s'adresser a lui.
Et il incombe à la mère de lui faire peur avec le père.
Et il doit être interdit de sommeil en journée, car celui-cl engendre la paresse.
Et il n’est pas interdit de sommeil la nuit, mais on lui défend de (dormir) sur une couche moelleuse, afin que ses membres s’endurcissent.
Et il doit s’habituer à la rusticité de sa couche, de son vêtement, de sa nourriture.
Il doit être accoutumé à la marche, au mouvement, au sport, afin que la paresse ne triomphe pas de lui.
Et on doit lui défendre de s'enorgueillir, vis-à-vis de ses pairs, de quelque chose que possèdent ses parents, ou de sa nourriture ou de son vêtement.
Et on l’accoutume à faire preuve d’humilité et de déférence à l'égard de ceux qui le fréquentent.
Et on lui défend de recevoir quelque chose d’un enfant pareil à lui, et on lui enseigne que recevoir d'autrui relève de la bassesse, et que l'éminence réside dans le fait de donner.
Et on lui fait mépriser l’amour de l'or et de l'argent.
On l'habitue à ne pas expectorer dans ses assises, ni à se moucher ou bailler en présence d’autrui, à ne pas placer une jambe sur l’autre, et on lui interdit l’excès de parole.
Et on l’habitue à ne parler qu'en réponse (à quelqu’un), et à écouter attentivement lorsqu'une personne plus âgée que lui prend la parole, et à se lever pour qui lui est supérieur et à s’assoir devant lui.
Et on lui défend d’(utiliser) un langage grossier et de fréquenter ceux qui y ont recourt.
En effet, la base de la préservation des enfants se trouve dans le fait de les préserver des vils camarades.
Et il est bon de lui ouvrir la voie, après sa sortie du bureau, à un divertissement agréable afin qu’il se repose, à travers lui, de l'épuisement lié à l'éducation.
Comme il a été dit : "Repose les coeurs, ils prendront conscience du rappel".
Et il convient de lui enseigner l'obéissance à ses parents et à son instructeur, ainsi que leur respect.
Et lorsqu'il atteint sept ans, on lui ordonne la prière et on ne se montre point indulgent quant au délaissement de la purification, afin qu’il s’y accoutume.
Et on lui fait avoir peur du mensonge et de la trahison.
Et lorsqu'il approche la puberté, on le responsabilise.
Et sache que les nourritures sont des remèdes, et que ce qui est vise par leur biais, c'est le renforcement du corps en vue de l'obéissance à Allah تعالى.
Et (sache) que ce bas-monde ne durera pas et que la mort coupera court à son délice et que celle-ci est attendue à chaque instant.
Et que le doué de raison est celui qui prépare ses provisions pour son au-delà.
Si sa croissance est empreinte de piété, ceci s'ancrera dans son coeur tout comme la sculpture se fixe dans la pierre.
Mukhtasar minhâj al-qâsidin (p.159 à 161)
Traduit par Oum Suhayl
✅ Publié par 3ilmchar3i.net
Imam Ibn Qudama Al-Maqdissi - الإمام أبو محمد بن قدامة المقدسي