Les principes du takfir (rendre mécréant un individu précis)

Publié le par 3ilm char3i-La science legiferee

Les principes du takfir (rendre mécréant un individu précis)
Question :
 
Ô Shaikh (qu'Allah vous préserve et prenne soin de vous).
 
Quelle est la position de Shaikh ul-Islaam Ibn Taymiyyah sur, «Le Takfir d'un individu requiert des preuves spécifiques (takfir ul-mu'ayyan yahtaju ila dalil mu'ayyan) » ? 
 
Réponse :
 
Vous savez (qu'Allah vous bénisse) que les règles de la Shari'ah sont quelquefois associées à une description (wasf) et quelquefois à un individu.

Par exemple, nous disons, « tout croyant est issu du peuple du Paradis ».
 
C'est une affirmation générale associée à une description, tout croyant est au Paradis et tout mécréant est en Enfer.

Cependant, disons-nous dans le cas d'un individu spécifique, un tel provient du Paradis ?

Ou un tel provient du peuple de l'Enfer ? 
 
Par conséquent, il y a une différence entre ce qui est associé à une description et ce qui associé à un individu.

Quand une personne profère des paroles ou commet un acte de Kufr, alors nous ne le déclarons pas mécréante tant que nous ne connaissons pas la raison précise qui a motivé cet acte. 
 
Par exemple, un homme est contraint à se prosterner devant une idole, alors il se prosterne.

Et un autre est contraint de proférer des paroles de Kufr, alors il les dit.

Est-ce que ces deux hommes sont pour autant devenus des mécréants ?

Non, car Allah a dit (traduction rapprochée) : 
 
« Quiconque renie Allah après avoir cru - à moins d'y être contraint tout en demeurant fidèle intérieurement à sa foi - , ainsi que ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à l'impiété, ceux-là, la colère de Dieu s'abattra sur eux et ils seront voués à un terrible châtiment. » (Nahl, 16 :106) 
 
« Quiconque renie Allah après avoir cru » inclus à la fois ceux qui mécroient par les mots ou par les actes.

Donc, les actions de l'homme qui s'est prosterné sous la contrainte devant une idole et de celui qui a proféré ces paroles sont-elles des actes de Kufr ou non ?

Oui, leurs actions sont des actes de Kufr.

Mais est-il un Kafir ?
 
Non.

Ceci car, il existe une barrière préventive qui empêche le Takfir, et cette barrière est la contrainte. 
 
Aussi, il y a le cas de l'homme qui a dit à sa famille : 
 
« Quand je serai mort, incinérez moi et répandez mes cendres dans la mer ».
Il pensait que cet acte lui permettrait d'échapper au châtiment d'Allah.
Sa famille a alors fait ce qu'il avait ordonné. Allah rassembla alors ses cendres, le ramena et lui demanda « Pourquoi as-tu fais ceci ? » Il répondit, « Mon seigneur, j'avais peur de ton châtiment ». Et Allah lui pardonna

(Bukhari, Kitab ut-Tawhid). 
 
Cet acte est un acte de Kufr, pourquoi ?

Parce qu'il a douté du pouvoir d'Allah, et qu'Allah serait capable de le ramener et de le punir.

Cependant, compte tenu du fait que la raison de son acte était basée sur la peur du châtiment d'Allah, Allah l'a pardonné. 
 
Par conséquent, le sens des mots de Shaikh ul-Islam (Qu'Allah lui fasse miséricorde) est que la mécréance associée à une description peut être jugée dans n'importe quelle circonstance (comme quiconque désobéit à Allah ira en Enfer, quiconque se prosterne devant une idole est un mécréant, et quiconque dit qu'il existe un autre Dieu autre qu'Allah est un mécréant).

Cependant, dans le cas d'un individu spécifique, aucun jugement ne doit être émis à son sujet tant que les raisons précises de l'acte n'ont pas été élucidées ; en effet, il se peut qu'il soit ignorant, qu'il est commis une mauvaise interprétation, ou qu'il était dans une situation telle qu'il a proféré des paroles qu'il ne voulait pas. 
 
Le prophète (salla Allah alayhi ) nous a informé qu'Allah se réjouissait davantage du repentir de son serviteur que de celle d'un homme qui a perdu son chameau dans le désert, le cherche en vain, désespère.
Dès lors, il se repose sous un arbre en attendant la mort et vit son chameau allongé sous cet arbre. Epris de joie, il dit « O Allah tu es mon serviteur et je suis ton seigneur »

(Muslim). 
 
Ceci est une parole de Kufr dans le sens où il a utilisé le mot seigneur pour lui-même et a traité Allah de serviteur.

Cependant, il ne le voulait pas, et ceci fut mis sur le compte de l'excitation et de la joie du moment, et comme le prophète (salla Allah alayhi wa sallam) a dit : 
 
« Allah ne lui en tiendra pas rigueur ». 


Traduit par: Nourdine al jazairi -qu'Allah le preserve- 
extrait de salafipublications.com 
Source : Liqaa ul-Baab al-Maftooh (v.36 No 1020) 

 

Cheikh Mouhammad Ibn Salih Al-’Outheymine - الشيخ محمد بن صالح العثيمين
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