Approche scientifique de la hijama

Publié le par 3ilm char3i-La science legiferee

Approche scientifique de la hijama

Approche concise de l'histoire de la hijama

 

La hijama est une technique thérapeutique très ancienne, elle a été décrite sur des papyrus datant de plus de 1500 ans avant le début du calendrier grégorien, dont le fameux papyrus d'Ebers.

 

Elle a ensuite été pratiquée et recommandée par des grands noms de la médecine dans l'antiquité, tels qu'Hippocrate et Galien.

 

Plus tard, au dixième siècle, la hijama connaît un nouvel essor sous l'impulsion d'Ibn Sinâ, connu sous le nom d'Avicenne, à travers son fameux Al-Qanûn Fî At-Tibb (Le canon de la médecine), ouvrage médical de référence en cinq tomes.

 

On peut aussi citer Az-Zahrâwî, connu sous le nom d'Albucasis, qui était un chirurgien de renom du onzième siècle. Az-Zahrâwî est l'auteur de la fameuse encyclopédie médico-chirurgicale, en trente volumes At-Tasrîf Liman cAjaza cAn At-Ta'lîf (La méthode en médecine). Ouvrage dans lequel il décrit les bienfaits de la hijama.

 

Au treizième siècle, un autre chirurgien arabe, Ibn Al-Quff contribua à la promotion de la hijama à travers son traité sur la chirurgie Al-cUmdah Fî Al-Jirâhah.

 

Au dix-septième siècle, une autre grande figure de la chirurgie vante les mérites de la hijama, il s'agit du barbier-chirurgien français Ambroise Paré. La légitimité du recours à la hijama croit, et elle tend à se démocratiser en Europe.

 

Au début du vingt-et-unième siècle, la hijama connaît alors un essor remarquable en Europe et aux USA et bénéficie d'une légitimité unanime dans son recours. On peut citer la parole suivante de Gillespie WA dans la revue Boston Medical and Surgi cal Journal en 1834 : « Nul membre de la profession, à cette époque, ne peut ignorer son recours ni son importance. » (10/27-30).

 

Un autre illustre médecin a, par ailleurs, contribué à promouvoir la hijama, en la personne du Pr. Osler William, co-fondateur de l'université de médecine Johns Hopkins à Baltimore (USA) au début des années 1890. Il fût aussi l'auteur du fameux «The Principles and Practice of Medicine» (principes et pratique de la médecine).

 

Il était un grand admirateur de Ibn Sinâ et considérait son ouvrage « Le canon de la médecine » comme une véritable bible médicale. Osler recommandait la hijama comme traitement, entre autre, des infections broncho-pulmonaires et des myélites aiguës.

 

Cependant, à partir de la deuxième moitié du vingt-et-unième siècle, -la hijama connaît un déclin en occident en raison, notamment, des débuts de l'industrie du médicament qui promettait alors aux malades des traitements réputés moins « invasifs » : apparition des antibiotiques et autres antipyrétiques.

 

En Asie, la hijama a, quant à elle, continué à jouer un rôle prépondérant jusqu'à ce jour, dans ce que l'on appelle la « médecine traditionnelle chinoise ».

 

Il a fallu attendre le début des années 1990 pour voir la hijama susciter, de nouveau, de l'intérêt auprès des professionnels de santé.

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La hijama « sèche » ou Al-Hijâmah Al-Jaffah

 

Elle consiste en la stimulation du flux sanguin, on parle d'effet circulatoire. La hijama sèche permet, en effet, l'extraction des substances excédantes, toxiques depuis l'organe atteint vers la surface de la peau. Le réseau circulatoire des capillaires superficiels de la peau est si étendu qu'il permet alors une redistribution sur l'ensemble de cette surface de ces substances. Ce principe a été cité par Jayasuriya Anton dans son ouvrage Traditional Chinese Acupuncture, the Acupuncture Foundation of Sri Lanka, 1982.

 

Cette forme sèche est préférée, notamment, chez l'enfant de moins de 10 ans.

 

Il existe plusieurs variétés, les plus connues sont :

 

-dry cupping, il s'agit de la hijama sèche standard.

 

On applique la ventouse sur la peau et on la laisse en place pendant 10min..

 

Je rappelle que ce qui importe c'est la qualité de la succion et non sa durée. Une étude a évalué l'impact de la pression exercée par la ventouse et sa durée d'application. La conclusion est que l'effet maximal est obtenu à 10min, et qu'au-delà de 10min, il n'y a plus de gain en efficacité. Par contre plus la pression est grande et plus l'effet est grand.

 

Le contrôle de la succion est donc important afin d'optimiser l'efficacité de la hijama, suivant la tolérance du patient bien sûr. (1)

 

-moving cupping, elle consiste à effectuer une faible succion sur la peau.

 

Elle est donc réalisée préférentiellement avec un système de ventouse à valve.

 

Quant au système de ventouse par combustion, ceci n'est réalisable que si la combustion est lente (=éviter le coton!).

 

Une fois la ventouse en place, on la déplace sur la peau en effectuant des mouvements en S ou de haut en bas. Afin de faciliter ces mouvements, il est nécessaire d'appliquer une bonne couche d'huile sur la zone à traiter.

 

Cette forme de hijama est utilisée comme massage idéalement sur le dos (au niveau du muscle trapèze et des muscles para-vertébraux) et procure une détente appréciée.

 

-flash cupping, le but, cette fois, est de réaliser des mouvements de va-et-vient du sang, depuis la profondeur vers la surface, afin de stimuler la circulation sanguine.

 

Pour ce faire, les ventouses sont placées/retirées rapidement, environ toutes les 30 secondes. Cette technique est intéressante sur des zones de mauvaise fixation de la ventouse.

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La hijama « humide » ou Al-Hijâmah Ar-Ratbah

 

Cette forme est celle que notre Prophète صلى الله عليه وسلم nous a recommandée.

 

Elle bénéficie à l'heure actuelle de l'engouement d'un certain nombre de médecins de par le monde, et particulièrement en Europe et aux USA. On peut par exemple voir des cupping center où la hijama humide est pratiquée, en Angleterre, à Londres.

 

Plusieurs études ont, par ailleurs, été réalisées en Allemagne vantant les mérites de la hijama.

 

J'en mentionne ici un extrait : « La cupping therapy présente un avantage intéressant sur l'acupuncture dans le sens où elle s'applique sur les mêmes points que celle-ci tout en limitant les risques d'accidents d'exposition au sang » (2)

 

La hijama humide consiste en l'extraction des substances nocives, toxiques accumulées. Ceci explique que pendant longtemps, c'est sa fonction épurative qui était reconnue (diminution du mauvais cholestérol, de l'acide urique, de la créatinine, de l'excès de sucre...).

 

Mais on sait maintenant que son champ d'action est beaucoup plus vaste : stimulation hormonale, stimulation du système immunitaire, co-analgésie (diminue la douleur seule ou en association avec d'autres antalgiques)...nous reviendrons sur ces notions plus tard.

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Hijama sèche/ hijama humide ?

 

De manière générale, il faudra privilégier la hijama humide aussi souvent que possible, hormis quelques cas où la forme sèche trouve son indication :

 

-Chez l'enfant de moins de dix ans. Un certain nombre de pathologies de l'enfant peuvent ainsi être traitées par ce biais : incontinence urinaire ou fécale, constipation, douleur, stress. Dans son ouvrage Traditional Chinese Medicine :Cupping Therapy, Chirali propose même un nouveau concept de ventouse en caoutchouc adaptée chez l'enfant. Le seul inconvénient est que ce type de ventouse n'est pas facilement stérilisable et serait donc destiné à un usage personnel.

 

Quant à la force de succion, elle sera faible entre deux ans et sept ans puis moyenne au-delà de sept ans. À partir de dix ans, une hijama humide pourra être proposée si besoin.

 

-En cas d'articulations tuméfiées et douloureuses, mais il est possible de traiter également les zones avoisinantes par une hijama humide. En effet, on n'incise jamais en regard d'une zone cedématiée car le risque de surinfection est grand.

 

-En cas d'atteinte musculaire : douleurs, crampes, myosite (=inflammation)...

 

Attention : en cas de prise d'anticoagulants à dose efficace, une hijama sèche peut provoquer des hématomes musculaires profonds sources d'hémorragie et d'infection.

 

-Afin d'aider à l'évacuation d'une collection liquidienne purulente ou sanguine lorsqu'elle est fistulisée à la peau (folliculite, abcès) ou faciliter la dissémination du contenu de ces poches au moyen du réseau vasculaire superficiel (lipome, hématome superficiel) le cas échéant.

 

Attention : ne jamais poser une ventouse sèche sur une tumeur maligne car le risque de disséminer les cellules tumorales dans la circulation générale est réel. Quant aux tumeurs bénignes comme les grains de beauté ou nævus, il reste prudent de s'abstenir.

 

-En cas d'écoulements vaginaux physiologiques ou pathologiques, une hijama sèche sous les seins semblent contribuer au tarissement de ces anomalies.

 

Habituellement, la hijama sèche standard ou dry cupping sera ainsi utilisée pour le traitement de la douleur ou des écoulements gynécologiques tandis que le flash cupping ou le moving cupping seront préférés pour le traitement des collections.

 

(1) Voir l'étude Effect of time and pressure factors on the cupping mark color de Zhao et Al, publiée dans The chinese acupuncture and moxibustion, mai 2009.

(2) Cupping: From a biomechanical perspective de L.M.Thama et al, publiée dans la revue Biomechanics, en juin 2005

 

Extrait du livre : « La Hijama, fondements-techniques-conseils » aux éditions Tawbah
Avec l'aimable autorisation exclusive pour 3ilm.char3i de notre frère, qu'Allah le préserve, le Docteur en médecine générale, Ait m’hammed Moloud


Dr Ait m’hammed Moloud

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