L'étudiant en science : Peut-il donner son opinion ? Peut-il donner des cours ?
Question :
Éminent Cheikh, quand est-ce qu'un étudiant en science a le droit de dire : "ceci est la position dominante pour moi, ceci est ce en quoi je crois"(c'est à dire à partir de quand a-t-il le droit d'avoir sa propre opinion).
Et quand est-ce qu'il peut commencer à donner des cours ?
Car beaucoup de jeunes parmi les étudiants en science se précipitent devant les assemblées pour donner des cours.
Quel est votre conseil ?
Réponse :
Mon conseil aux jeunes salafis est qu'ils se munissent d'une grande détermination dans l'acquisition de la science, qu'ils apprennent.
Par contre s'il se trouve dans un pays d'ignorants où il n'y a pas de savants et que la population a besoin de sa science, peut soit-il, (dans ce cas) je vois qu'il doit donner ce qu'il a comme science.
Ne rendons pas les choses difficiles pour le jeune qui voit le monde (autour de lui) obscurci par l'ignorance, les divagations, l'associationnisme et ne lui disons pas : " ne parle pas jusqu'à ce que tu atteignes le degré de Ibn Al-qayim ou de l'Imam Ahmad" ; cela ne peut pas être.
C'est à dire (Allah dit, traduction rapprochée) : "vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc,....,à moins que vous ne soyez contraints d'y recourir" (1).
Aussi : "les contraintes rendent les interdits licites" comme c'est dit dans une règle de la chari'a.
S'il (le jeune salafi) se trouve dans son pays où il voit l'association, l'innovation, le délaissement de la prière alors qu'il connaît l'association (à Allah), il sait ce que c'est que les innovations ainsi que les traditions (prophétiques) et tout qui va dans ce sens, qu'il enseigne ce qu'il connaît.
Le Sheik Al-Qar'anwi رحمه الله enseignait à des jeunes une partie de la science : le Qur'an, le tajwid (les règles de récitation du coran), l'héritage, kitab at-tawhid (le livre de l'Unicité), les trois fondements et après l'apprentissage de ces livres, alors que le Sheikh voit la communauté (autour de lui) dans le besoin ardent de ceux-là (les étudiants) et qu'ils sont les meilleurs parmi les gens, il les faisait descendre dans le terrain de la prêche vers Allah et les dispersait dans les villages où ils enseignaient aux gens, leur faisaient mémoriser le Qur'an, ils leur enseignaient le tajwid, l'héritage qu'ils avaient appris ainsi que kitab at-tawhid.
[Néanmoins] je n'encourage pas l'étudiant en science à se prendre coûte que coûte comme un savant.
Non !
Non !
Qu'il n'occupe pas ce rang et je ne suis pas celui qui va lui donner l'autorisation.
Par contre s'il est contraint et qu'il ne trouve pas de savant alors qu'il détient quelque chose en science, qu'il donne son savoir.
Qu'il ne parle jamais dans la religion d'Allah étant ignorant et même s'il était savant il ne lui est pas licite de dire sur Allah que la vérité [car Allah dit, traduction rapprochée ]:
"Dis : «Mon Seigneur n'a interdit que les turpitudes (les grands péchés), tant apparentes que secrètes, de même que le péché, la transgression sans droit et le fait d'associer à Allah ce dont Il n'a fait descendre aucune preuve, et de dire sur Allah ce que vous ne savez pas»."
Le fait de parler sur Allah sans science est illicite (haram) et constitue le plus grand parmi les grands péchés.
Pire que ça, il est plus grand que la mécréance en Allah car la mécréance, l'égarement et les innovations proviennent toutes du fait de parler sur Allah sans science de même cela est la pire des insidies, que se soit de la part d'un savant ou d'un ignorant, certes il a commis la plus grande offense et le plus grand péché.
[Donc] si le jeune voit le besoin, s'il voit les gens dans un besoin ardent du peu de savoir qu'il a, qu'il parle mais seulement dans la limite de ce qu'il connait sans la dépasser car il peut commencer à enseigner et le diable vient lui souffler l'orgueil jusqu'à ce qu'il se met à répondre à toutes les questions qu'on lui pose sans jamais dire : "Allah est Le plus savant" ni "je ne sais pas".
Les ténors des ténors et les imams des imams disaient : "je ne sais pas" à tel point qu'un grand élève de l'imam disait :
"Si je voulais remplir mon ardoise de paroles de Malik : "je ne sais pas", "je l'aurai fait".
On posait beaucoup de questions à l'imam Malik et il disait : "je ne sais pas".
Tous les étudiants en science connaissent (l'histoire qui dit) qu'on a posé 40 questions à l'imam Malik, il répondit à environ 4 d'entre elles et dit : "je ne sais pas" pour le reste.
A cette époque, l'homme se faisait respecter en répétant : "je ne sais pas" et maintenant, s'il le dit une ou deux fois, on le traite d'ignorant.
Ainsi, il est important d'éviter les façons de voir des gens (d'aujourd'hui), de marcher sur la voie des salafs et de valoriser celui qui se préserve d'émettre des fatwas (avis religieux) à tort et à travers, de même qu'il ne faut pas pousser les savants à parler sur Allah sans science.
En résumé, il est dit que le savant doit enseigner à ses étudiants la parole : "je ne sais pas" car cela représente la moitié de la science.
Voici mon opinion sur le sujet (de la question posée).
(1) : Ici il s'agit de deux bouts de versets regroupés par le Sheikh; la première partie est dans la sourate Al-ma'ida (5) verset 3 et la deuxième partie se trouve dans sourate Al-an'am (6) verset 119
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Cheikh Rabi’ ibn Hadi ‘Oumayr al-Madkhali - الشيخ ربيع بن هادي المدخلي