L’importance de la croyance dans la guérison

Publié le par 3ilm char3i-La science legiferee

L’importance de la croyance dans la guérison

Sa’d rapporte :
 

« Je suis tombé malade, et le Messager d’Allah (salallahu ‘alayhi wasalam) est venu me rendre visite. Il mit sa main entre mes deux tétons au point que je sente sa froideur sur mon cœur, et il me dit: « Tu souffres de problèmes cardiaques, vas chez Al-Hârith Ibn Kaladah de Thaqîf, car il s’adonne à la médecine, et dis-lui de prendre sept dattes de Médine, de les briser avec leur noyau, et de te les administrer en coin de bouche (Al-Ladûd) [1]. » 

[Dacîf Abû Dâwud (3875)]

Al-Maf’ûd (l’homme cardiaque) est celui qui se plaint du cœur, de la même manière que Al-Mabtûn désigne celui qui se plaint du ventre. »

Et  Al-Ladûd désigne ce qui est administré en coin de bouche.

Les dattes possèdent des propriété étonnantes pour ce mal, et tout particulièrement les dattes de Médine, notamment [celles qu’on nomme]  Al-‘Ajwah. (تمر عجوة)

Le fait qu’elles doivent être au nombre de sept est une chose qui doit être abordée par la Révélation.

Sa’d Ibn Abî Waqqâ s rapporte que le Messager d’Allah (salallahu ‘alayhi wasalam) a dit :

« Celui qui mange au matin sept dattes [du village] Al-‘Âliyah ne sera touché en ce jour ni par le poison ni par la sorcellerie. »

et sous une autre formulation :

« 
Celui qui mange au matin sept dattes cueillies entre ces deux terres volcaniques [2] ne sera touché par aucun poison jusqu’au soir. » 
[Al-Bukhârî (5768) et Muslim (2047)] 

Les dattes sont chaudes du deuxième degré, et sèches du premier degré.

On dit aussi qu’elles sont humides, et aussi modérées [3].

 

Elles constituent une bonne nourriture, préservant la santé, surtout pour ceux qui ont l’habitude d’en consommer, comme les habitants de Médine et autres.

Elles comptent parmi les meilleurs aliments dans les pays froids et chauds dont la température est du deuxième degré, et elles sont meilleures pour eux que pour les habitants des pays froids, en raison de la fraîcheur de l’organisme de leurs habitants, et de la chaleur de l’organisme des gens des pays froids.

C’est pourquoi les habitants du  Hijâz, du Yémen et de At-Tâ’if et leurs alentours ont l’habitude de se nourrir beaucoup d’aliments [d’humeur] chaude, plus que d’autres, comme les dattes et le miel.

Nous les avons vus ajouter à leurs mets dix fois de plus de poivre et de gingembre que les autres, voire plus encore.

Ils consomment du gingembre comme les autres mangent des sucreries.

J’ai vu certains d’eux en manger comme d’autres grignotent en buvant.

Cela leur convient et ne leur cause aucun préjudice en raison de la fraîcheur de leur organisme, et de l’évacuation de la chaleur vers la surface du corps, de la même manière que l’eau des puits est fraîche en été et chaude en hiver.

Ainsi, l’estomac consume les aliments lourds en hiver, mais pas en été.

 

Quant aux gens de Médine, les dattes sont pour eux presque comme le blé pour les autres.

Elles sont leur subsistance et leur matière, et les dattes de  Al-‘Âliyah comptent parmi les meilleures de leurs dattes, car elles renforcent le corps, sont d’un goût exquis, et d’une véritable douceur.

Les dattes sont à la fois un aliment, un remède et un fruit, elles conviennent à la plupart des corps, renforcent la chaleur interne, et ne produisent pas d’excédents mauvais comme d’autres aliments ou fruits.

Plus encore, elles protègent celui qui prend l’habitude d’en consommer de la puanteur et la corruption des humeurs.

 

Ce hadith est un propos spécifique adressé aux gens de Médine et ses alentours, et nul doute que les lieux ont des spécificités, et de nombreux remèdes sont bénéfiques à un endroit et pas ailleurs.

Un remède poussant à cet endroit peut être bon pour une maladie, mais ne pas avoir cette propriété s’il pousse ailleurs en raison de l’influence de la terre ou de l’air ou des deux.

La terre a des propriétés et natures dont la diversité est proche de celles de l’homme.

De nombreuses plantes peuvent être un aliment dans un pays et un poison mortel dans un autre ; un remède pour les uns et un aliment pour les autres ; un remède pour des maladies chez certains, et un remède pour d’autres maladies chez d’autres ; un remède convenant aux gens d’une région mais pas à d’autres.

 

Quant au nombre sept, il trouve son explication dans la création et la Législation.

Allah a créé les cieux, les terres, et les jours au nombre de sept.

De même, l’homme fut créé en sept phases.

Allah a légiféré à Ses serviteurs de tourner sept fois autour de la Ka’bah, les allers-retours  entre As-Safâ et Al-Marwah sont également au nombre de sept, les lapidations des stèles se fait par série de sept, et les premiers Takbîr de la prière du ‘Îd sont également au nombre de sept.

Le Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam) a dit :

« Commandez à vos enfants de célébrer la prière à l’âge de sept ans. » 
[Sahîh Abû Dâwud (494)] 

Lorsqu’il était malade, le Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam) ordonna qu’on verse sur lui sept outres. 
[Al-Bukhârî (4442)] 

Allah envoya le vent contre le peuple de ‘Âd pendant sept nuits, et le Prophète (salallahu ‘alayhi wasalam) demanda à Allah qu’Il l’aide contre son peuple par « sept » comme les sept de Yûsuf. 
[Al-Bukhârî (1006)]

Allah a comparé ce qui multiplie l’aumône à un grain qui fait pousser sept épis, chaque épi contenant cent grains ; les épis vus par le compagnon de Yûsuf étaient au nombre de sept, et ils les ont semés pendant sept ans, et l’aumône est multipliée jusqu’à sept cent fois, voire plus encore, et ceux qui entreront au Paradis sans jugement dans cette communauté seront soixante-dix mille.

Nul doute que ce chiffre possède des spécificités que d’autres n’ont pas.

Le sept rassemble la signification des nombres, dans leur ensemble et leurs spécificités.

Le nombre est soit pair, soit impair.

Les nombres pairs sont premiers et seconds, de même pour les nombres impairs.

Ce sont quatre degrés : pair premier et second, impair premier et second.

Ces degrés ne sauraient être moindre que sept qui est un nombre complet qui rassemble les quatre degrés des nombres, c’est-à-dire : pair, impair, premiers et seconds, ce qui signifie pour l’impair : le premier est le nombre trois, et le second est le nombre cinq.

Le premier pair est le nombre deux, et le second est le nombre quatre.
 
Les médecins ont accordé une grande importance au nombre sept, surtout dans les maladies de grande fièvre. Hippocrate a dit : Tout en ce monde est composé de sept parties.

Les astres sont au nombre de sept, les jours sont au nombre de sept, et l’âge des gens est composé de sept [périodes] : enfant jusqu’à sept ans, puis garçon jusqu’à quatorze ans, puis adolescent, puis jeune homme, puis homme mûr, puis vieillard, puis sénile jusqu’à la fin de l’existence.

Et Allah connaît mieux Sa sagesse, Sa législation, et Sa prédestination dans la spécification de ce nombre.

Est-ce ce sens qui est visé ou un autre ?
 
L’utilité de ce nombre de dattes venant de ce pays, et de cette contrée en particulier contre le poison et la sorcellerie, en empêchant d’en être atteint, est une propriété qui, si elle avait été énoncée par Hippocrate ou Galien, les médecins l’auraient accueillie avec consentement, et soumission, alors que celui qui dit cela n’a pour lui que l’intuition, la conjecture et la supposition.

Et les propos de celui dont les paroles ne sont que certitude, affirmation, preuve et révélation sont plus dignes d’êtres accueillis avec acceptation, soumission, et sans aucune objection.
 
Les remèdes contre les poisons tiennent parfois de leur nature et parfois de leurs propriétés, comme les propriétés de nombreuses pierres, gemmes et corindons [4]. Et Allah est plus savant.

 

Les dattes mentionnées sont utiles contre certains poisons, donc le hadith appartient à la catégorie du général spécifié.

Elles peuvent aussi être bénéfiques, en raison de propriétés de ce lieu ou de ce sol, contre tout poison.

Mais il y a ici un point qu’il faut exposer et qui est que la condition pour le remède soit bénéfique est que le malade doit l’accepter, croire à son utilité, et ainsi la nature l’acceptera et s’en aidera pour repousser la maladie.

Ceci au point que beaucoup de traitements se suffisent de la croyance, du bon consentement, et de l’acceptation totale.

Les gens ont vu en cela des choses étonnantes, car la nature l’accepte avec force, l’âme s’en réjouit, donc les forces se ravivent, le pouvoir de la nature se renforce, la chaleur interne rejaillit, et cela aide à repousser ce qui est nuisible.

Au contraire, de nombreux remèdes sont utiles contre des maladies, mais leur effet est annihilé par le manque de croyance du malade en eux, et du fait que la nature ne les accepte pas, ainsi ils n’ont aucun effet.

 

Considère cela par rapport au plus grand des remèdes, et le plus utile au cœur et au corps, à l’existence et la résurrection, à la vie d’ici-bas et de l’au-delà, qui est le Coran qui est une guérison de toute maladie.

Regarde comment il est inutile aux cœurs qui ne croient pas qu’il contient une guérison et une utilité, et plus encore comment il augmente leur maladie.

Les maladies du cœur n’ont pas de remède plus efficace que le Coran qui constitue leur guérison parfaite et totale, ne laissant aucune maladie sans la guérir, préservant totalement sa santé, et la protégeant parfaitement contre tout ce qui lui est nuisible.

Cependant, l’éloignement de beaucoup de cœurs vis-à-vis du Coran, l’absence de croyance ferme qu’il soit une guérison, l’absence de mise en pratique, et leur détournement vers des remèdes composés par leurs semblables a fait obstacle entre eux et la guérison à travers lui.

Les habitudes se sont imposées, le détournement s’est accentué, et les maux et maladies chroniques ont dominé les coeurs.

Les gens et les médecins ont été éduqués à soigner leurs semblables par ce que leurs enseignants et ceux qu’ils tiennent en haute estime leur ont établi.

Ainsi, le malheur a pris de l’ampleur, la maladie s’est installée, sont apparues des maux et maladies qu’ils ont été incapables de soigner, et chaque fois qu’ils tentaient de les soigner avec ces nouveaux remèdes, ils empiraient et se renforçaient, ils sont comme le dit [le poète] :
 
Il est étonnant, et les choses étonnantes sont légion
De voir la proximité de la guérison mais de ne pouvoir y parvenir
Tels des chameaux le désert, mourant de soif
Alors qu’ils portent de l’eau sur leurs dos.

 

[1] En arabe, les remèdes portent des noms différents selon leur mode d’utilisation. Ainsi, As-Sa’ût désigne ce qui est pris par le nez, et Al-Ladûd ce qui est pris du coin de la bouche. 

[2] C’est-à-dire Médine qui est située entre deux terres volcaniques, à l’Est et l’Ouest.

[3] Pour bien comprendre cet ouvrage, il est nécessaire de savoir que Ibn Al-Qayyim l’écrit alors qu’à son époque la médecine est dominée par la théorie des humeurs qui fut l’une des bases de la médecine antique. En médecine, l’humeur désignait les liquides circulant dans l’organisme tels que le sang, la lymphe et la bile. Selon cette théorie, le corps est constitué des quatre éléments fondamentaux, air, feu, eau et terre possédant quatre qualités : chaud ou froidsec ou humide. Ces éléments, mutuellement antagoniques (l’eau, la terre éteignent le feu, le feu fait s’évaporer l’eau), doivent coexister en équilibre pour que la personne soit en bonne santé. Tout déséquilibre mineur entraîne des « sautes d’humeur », tout déséquilibre majeur menace la santé du sujet. La santé (de l’esprit ou du corps) varie en fonction de l’équilibre des humeurs dans le corps. Lors d’un déséquilibre, quand une humeur l’emporte sur toutes les autres, ou que son influence est excessive, les maladies physiques et psychiques surviennent. Les traitements sont donc calculés pour rétablir l’équilibre et les régimes pour le maintenir. Si l’humeur ne peut s’évacuer naturellement (par vomissement, expectoration, saignement de nez, urine ou défécation), on peut avoir recours à des remèdes qui vont la provoquer (purgatifs, saignées).Dans le cas contraire, lorsqu’une humeur fait défaut, on peut y remédier par une nourriture appropriée, ou des exercices. Il faut également bien distinguer ce qui, dans les propos de l’auteur, est basé sur un Texte du Coran et de la Sunna, et ce qui fait référence à l’expérience et aux remèdes connus de l’époque.

[4] Gemme désigne une pierre précieuse, et corindon le minéral le plus pur après le diamant.

L’authentique de la médecine prophétique

 Publié par salafs.com

 

Imam Muhammad Ibn Abî Bakr Ibn Qayyîm al-jawziya - الإمام محمد بن أبي بكر ابن قيم الجوزية

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