La da'wah salafiya vue par Cheikh Al-Albani رحمه الله (vidéo)
Question :
Quel est l'avis de votre Excellence sur la da'wah salafiyya en général et plus particulièrement au Koweït, Egypte et Arabie ?
Réponse :
Je dis que, malheureusement, la Da'wa salafiyya est maintenant en pleine confusion.
Et j'attribue la cause de cela à la précipitation d'un grand nombre de jeunes musulmans à prétendre avoir de la science : ainsi, il aura l'audace de faire des fatwas et de rendre harâm et halâl avant même qu'il ne sache.
Certains d'entre eux comme je l'ai entendu à de nombreuses reprises ne peuvent même pas réciter un verset du Qur'aan correctement, et cela même si le Noble Mushaf était ouvert face à eux.
Sans compter le fait qu'il fera beaucoup d'erreurs quand il lit un hadith du Prophète 'aleyhi s-salaat wa s-salaam.
Et donc ce proverbe qui est bien connu dans certains pays est applicable sur lui :
" Il est devenu un raisin sec (zabib) avant d’avoir été un raisin vert ".
Vous savez ce qu'est الحصرم (raisins verts / ndt : comme adjectif on peut dire aigre/acide) : c'est bien ce terme utilisé chez vous ?
Quand un grain de raisin pousse, il devient une baie verte : c'est à cela que se renvoie الحصرم qui est très aigre.
Donc avant même d'avoir atteint le stade de raisin vert, il se prend pour un raisin sec.
Ainsi, pour beaucoup de ces gens qui maintiennent leurs têtes (leadership) et se précipitent dans la prétention à avoir de la science et de faire des écrits -alors qu’ils n'ont même pas traversé la moitié du chemin sur la voie de la science, est ce qui fait malheureusement maintenant ceux qui s'attribuent d’eux-mêmes à la da'wah salafiyya soient divisés en groupes et parties.
Il n'y a pas de remède à cela, si ce n’est pour ces musulmans d’avoir à craindre leur Seigneur, le Puissant et Majestueux et qu'ils sachent que ce ne sont pas tous ceux ayant commencé la recherche de la science qui doivent se mettre en avant en rendant des fatwas sur les choses, en disant licite et interdit ou en jugeant les hadiths comme authentiques ou faibles.
Sauf après avoir eu une longue durée de vie : une vie où il s'entraîna à apprendre comment les fatawas sont délivrées, comment elles sont délivrées à partir du Livre et de la Sunna...
Et à cet égard, ces prêcheurs ou salafis doivent se conformer à cette troisième vérification que j’ai déjà abordée quand on parla de science bénéfique et d’actions pieuses, en disant que la science bénéfique doit être conforme à la méthodologie des Salaf As Salih.
En nos jours où la plupart des prêcheurs islamiques délaissent cette troisième vérification que l'imâm Ibn al Qayyim –qu’Allâh lui fasse Miséricorde- a montré dans sa poésie quand il dit :
" La science c'est: "Allâh a dit, Son Messager a dit, Les Compagnons ont dit".
Ne pas prêter attention à ce sur quoi étaient nos Salaf as Salih amène que les gens reviennent -après avoir été unis- à la désunion qui les sépare comme cela s’est produit auparavant entre beaucoup de musulmans, les transformant en groupes et parties, chaque parti exultant de ce qu'il avait.
Ceci est mon opinion de la situation.
Donc si, comme nous l'espérons, ils sont sincères, (alors) ils doivent s'accrocher aux principes corrects basés sur la science et que celui n’ayant pas atteint le niveau d'une science correcte se tienne à l'écart de plonger dans cela, et qu'il confie la science à celui qui l'a connait.
À ce sujet, il y a un récit qui a été rapporté dans les livres de hadith -je pense qu’il s’agit d 'Abdour Rahmân ibn Abi Layla, qu'Allâh lui fasse miséricorde qui faisait parti des grands savants des salaf as salih, qui dit: "Dans cette mosquée" et peut-être qu'il faisait allusion à la Mosquée du Prophète à Médine, "j'ai rencontré" puis il a mentionné un certain nombre de Compagnons- nombre qui m’échappe pour l’instant-, "alors quand l'un d'eux était questionné…"
Intervenant :
70
Cheikh :
C'était peut-être cela.
"J'ai rencontré 70 compagnons dans cette mosquée.
Lorsque l'un d'eux était questionné sur une affaire ou sollicité pour une fatwa, il aurait souhaité qu'un autre des savants parmi les compagnons qui étaient présents puisse assumer la responsabilité de cela".
La raison en était qu'ils craignaient de tomber dans une erreur et donc par la suite, être la cause menant d’autres personnes à y tomber.
Alors qu'ils auraient souhaité ne pas avoir à prendre cette responsabilité et que quelqu'un d'autre le fasse.
Quant à nos jours, alors la situation, malheureusement, est à l’opposée.
Et ceci a pour raison une chose que je cite encore et toujours: que cette floraison que nous voyons maintenant pour le Livre et la Sunna et la da'wah salafiyya est une chose nouvelle.
Cette floraison, qu'ils appellent prise de conscience, n’est pas présente depuis une longue période au point que ces personnes puissent récolter les fruits de cette prise de conscience ou la floraison en eux-mêmes.
C’est à dire être éduqués sur les fondements du Livre et de la Sunna et alors être imprégné (de cet apprentissage), avec cette nutrition (de science) correcte basée sur le Livre et la Sunna, pour pouvoir être profitables ensuite à ceux qui les entourent, appelant leurs proches d’abord, puis ensuite ceux après eux.
Donc la cause est que les effets de cette da'wah ne sont pas apparus parce qu'elle est nouvelle au moment dans lequel nous vivons.
Ainsi, nous trouvons que la situation est à l'opposée de ce que 'Abdour Rahman ibn Abi Layla a mentionné sur ces compagnons qui étaient prudents quant au fait d'être questionnés et qui auraient voulu qu’autre qu’eux soit questionné.
Ce qui les forçait à répondre à une question était qu’ils savaient qu’il ne leur était pas permis de taire la science, mais au fond de leur cœur, ils auraient souhaité que quelqu'un d'autre assume cette responsabilité.
Quant à maintenant, dans de nombreux rassemblements salafis – sans même parler de ceux non salafis-, tu trouves une personne ayant l’apparence d’avoir plus de science que les autres personnes présentes être questionnée.
Et tout à coup, vous verrez qu’untel commence à parler même si il n'a pas été questionné, et untel commence à parler même si il n'a pas été questionné.
Qu'est ce qui pousse les gens à agir ainsi ?
L’amour de la gloire.
L’égocentrisme: « j’existe », dans le sens : "j'ai de la science. Maa shaa’a Allah sur moi».
Cela montre que nous n'avons pas eu une éducation (tarbiyyah) salafiyya.
Nous avons grandi avec la science salafiyya, chacun selon ses efforts et faisant des efforts vers cette science.
Quant à la tarbiyyah, alors nous n'avons pas encore acquis comme une société islamique, salafi.
✅ Publié par دورة العلوم - Les cercle des sciences
Cheikh Mouhammad Nacer-dine Al-Albany - الشيخ محمد ناصر الدين الألباني