Le sacrifice : Al-‘Aqiqa et ses règles
Cheikh Mouhammad Nacer-dine Al-Albany
Al-‘Aqiqa (le sacrifice) est une sunna, c’est un devoir du père, mais si le père est absent, cela reste une sunna à faire par la mère.
Il faut en être capable, car si les obligations ont pour condition préalable la capacité de les accomplir, cela est plus évident encore pour les choses recommandées.
C’est pourquoi nous ne disons pas au pauvre d’emprunter pour faire sacrifier.
Et dans le cas où un salarié à un enfant au milieu du mois et que son salaire n’est pas arrivé, lui disons-nous d’emprunter ou d’attendre ?
Il est meilleur qu’il attende, car il se peut qu’il lui arrive quelque chose et qu’il ait besoin de cet argent (maladie, accident…).
Il vaut lieux qu’il attende s’il compte recevoir de l’argent bientôt, et il peut sacrifier le 7, 14 ou 21ème jour.
[Shaikh Al-Albani précise que le sacrifice doit être fait le 7ème jour mais qu’il peut être repoussé au 14 et 21ème jour si on ne peut pas le faire avant, car le prophète sallallahou 'alaihi wa sallam a dit :
« on sacrifie le 7ème jour » et dans d’autres hadith sont cités le 14 et 21ème jour, donc le temps est spécifié et on ne peut dépasser cela que si on a une excuse légale.]
(442, silsila al-huda wa nur)
La sunna est que l’on sacrifie deux moutons pour un garçon et un seul pour une fille, comme cela a été rapporté dans la sunna.
Il est préférable que les deux moutons soient le plus proches possible en âge, en taille, en poids, et plus ils seront proche, meilleur cela sera.
Et si on ne trouve (pour un garçon) qu’un seul mouton, cela est suffisant, mais si Allah a permis (à cet homme) d’avoir deux moutons, cela est meilleur.
[Sahikh Al-Albani précise qu’il n’y a pas de mal à sacrifier plus d’un mouton pour une fille, mais cela vient d’une ignorance des gens qui pensent que al-‘aqiqa est un repas auquel on invite les gens, ce qui est faux, il n’y a rien de cela dans la sunna, c’est un sacrifice].
(209, silsila al-huda wa nur)
Il fait partie de la sunna que le sacrifice soit fait le 7ème jour, ainsi si l’enfant nait samedi, on sacrifiera vendredi, c'est-à-dire un jour avant le jour de sa naissance.
La sagesse derrière cela est qu’au septième jour, la semaine se termine, l’enfant a vécu tous les jours de la semaine et on espère qu’il continuera à vivre.
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Imam Muhammad Ibn Abî Bakr Ibn Qayyîm al-jawziya
Institution
L'imam Mâlik dit que cet acte ne fait l'objet d'aucune divergence.
On Compte parmis ceux qui approuvent son institution dans la legislation islamique : Abdullah ibn Abbas , Abdullah ibn Umar , Aicha Oummou'l'mou-miniin Radhia'llaahou anha , Fatima bintou'rrassoul , radhia'llaahou anha, Boureid al alsamy, Al Qâssim ibn muhammad, Ourwa ibn zoubeir, Atâ ibn abi Rabah, Az-Zouhri, Abû Zinâd, Mâlik, les savants medinois, l'Imâm Ash-Shafi3î et ses compagnons, l'Imâm Ahmad, Ishâq, Abû Thaour et beaucoup d'autres savants.
Le 'aqiqa est-il obligatoire ou recommandé ?
Abû Umar a dit :
" Quant à la divergence des savants sur son caractére obligatoire, elle se présente comme suit :
- Les Zahirites, à l'instar de Dâwud et de ses compagnons, le considérent comme une obligation.
Ils disent que le Prophète sallallahou 'alaihi wa sallam l'a ordonné et l'a personnellement pratiqué.
Il sallallahou 'alaihi wa sallam dit à ce sujet : " L'enfant est tributaire de son aqîqa".
Mâlik disait que c'est une " Sunna mouakkada" " vivement recommandée" à laquelle il faut s'attacher.
C'est aussi l'avis d'Ash-Shafi3î et d'Ahmad, bien que les compagnons de ce dernier aient rapporté de lui deux versions à ce sujet.
Mais il n'y a pas de texte clair émanant de lui qui lui attribue ce caractére obligatoire.
Al-Hârith a dit: " Il fut demandé à Ahmad:
- Que faire si l'on n'a pas de quoi faire le sacrifice?
- Que la personne s'endette, j'ai espoir qu'Allah la compensera, car elle a mis à jour une sunna, répondit-il."
Ceux qui disent qu'il est une sunna vivement recommandée "Mouakkada" estiment que si le Aqîqa était obligatoire, il serait ainsi connu religieusement parcequ'il est indispensable et constitue une épreuve pour beaucoup de personnes; et le Prophète sallallahou 'alaihi wa sallam aurait enseigné ce caractére obligatoire à la communauté de manière suffisemment claire et répandue de sorte que personne n'ait d'Excuse pour s'y dérober.
Mais il sallallahou 'alaihi wa sallam a laissé son observance au libre choix de chacun en disant:
" Quiconque a un nouveau-né et aimerait faire le sacrifice, qu'il le fasse."
(Note de bas de page : Raporté par Abû Dâwud et An-Nassâi. Al-Albni dit que c'est un hadith bon authentique.)
Al-'aqiqa est préférable à une aumône de même valeur, voire plus important
Al-Khallâl dit qu'il a entendu Sulaymâne ibn Al Ash'ath dire :
" Abû Abdallah fut interrogé en ma présence au sujet du Aqîqa : vaut il mieux faire le sacrifice ou doner sa valeur en éspèces aux pauvres?
Le Aqîqa est préférable, répondit-il".
Le Aqîqa est préférable parceque c'est une sunna et un rite prescrits en raison de la grâce qu'Allah a renouvelée sur les parents.
De même, il y a en cela une conception sous-jacente, héritée du rachat d'Ismaïl (alayhi'ssalaam) par le bêlier qui fut offert par Allah pour rançonner ce dernier et qui est devenue une tradition dans sa descendance.
Il n'est pas exclu que ce sacrifice soit pour l'enfant une protection contre satan après sa naissance, comme le fut pour lui l'évocation du nom d'Allah au moment de sa conception.
Aussi, rares sont ceux dont les parents ont négligé ce rite qui ne soient à la merci de satan.
Y-a-t-il une différence entre le garçon et la fille en matière de 'aqiqa
Le Aqîqa est une sunna aussi bien pour le garçon que pour la fille chez la majorité des savants parmi les compagnons du Prophète sallallahou 'alaihi wa sallam et les générations successives.
Interrogé sur le aqiqa, le Messager d'Allah sallallahou 'alaihi wa sallam :
" On sacrifie deux moutons pour le garçon et un pour la fille et il n'y a pas de mal à ce qu'ils soient mâles ou femelles".
(note de bas de page : Hadith jugé authentique par At-Tirmidhi et les autres.)
Sagesses et avantages du 'aqiqa
Le aqîqa est un acte de piété en faveur du nouveau né ; il est accompli à la premiére heure de sa venue au monde.
Ce dernier profite grandement de cet acte , comme il profite de la prière faite en sa faveur, de sa présence dans les lieux des rites et de la sacralisation faite pour lui, etc..
En outre, la aqîqa le libére parcequ'il est assujetti à ce sacrifice.
L'imam Ahmad a dit que sans cela, il ne sera pas autorisé à intercéder en faveur de ses parents. Atâ ibn Abi Rabah a dit aussi qu'il sera privé de l'intercession de son enfant.
De même, il constitue une rançon par laquelle on rachète le nouveau-né comme Allah racheta Ismaïl par le bélier.
Il n'est pas exclu dans la Sagesse d'Allah, dans Sa Législation et Sa prédestination, que cette pratique soit une cause de sa bonne croissance, de la pérennité de sa santé et de sa longévité en le protégeant contre le mal du démon, de sorte que chaque organe de la bête constitue une rançon pour l'organe équivalent du nouveau-né.
C'est pour cette raison qu'il est conseillé de dire la même formule que celle récitée sur la bête sacrifiée le jour de l'aïd et que les deux moutons soient accomplis.
L'imam Ahmad a dit de la versiond 'Abu Dâwud que :
" Cela veut dire deux bêtes d'un âge mûr ou presque identiques".
La signification du terme "tributaire"
( note de bas de page: Le prophète sallallahou 'alaihi wa sallam a dit : " L'enfant est tributaire de son Aqîqa". )
Dans le hadith précédent est aussi un sujet de controverse:
D'aucuns , à l'nstar de Atâ et de l'Imam Ahmad disent que cela signifie qu'il sera privé du droit d'intercéder en faveur de ses parents.
Ceci n'est vraisemblablement pas plausible, car Allah n'a prescrit ce sacrifice qu'en vue de libérer le nouveau-né du joug de satan qui s'est collé à lui dès sa venue au monde et l'a pincé à la hanche.
Le aqîqa est ainsi conçu comme une rançon et un affranchissement de la détention de satan qui l'empêche d'oeuvrer pour l'au-delà, lieu de retour final.
C'est comme s'il était emprisonné, attendant d'être égorgé par satan avec le couteau qu'il a apprêté pour ses fidèles et ses alliés.
Il a juré devant le seigneur qu'il anéantira la descendance d'Adam , excepté un petit nombre.
Il demeure aux aguets, guettant le nouveau-né dès sa venue au monde.
A ce moment, son ennemi le devance pour l'attirer vers lui et nourrit le désir ardent de le soumettre à son joug et sa prison et d'en faire un des alliés de son parti, il y attache un prix d'honneur.
Le nouveau-né étant dans cet état [d'otage], Allah a prescrit aux parents de le libérer par ce sacrifice, sinon il restera un otage..
Il vaut mieux cuire la viande de la 'aqiqa que de la distribuer crue
Al Khallâl a dit :
Abdul Malîk Al-Maimouni m'a informé qu'il demanda à Abû Abdullah:
Prépare t on la viande du 'Aqîq ?
Oui, lui dit-il
Abû Dâwud m'a aussi informé qu'il demanda à Abû Abdullah:
- Prépare-t-on le aqîqa?
-Oui, lui dit il.
-Cette tâche est pénible, lui fut-il dit.
Il répliqua:
-Il leur faut supporter cela, car en la préparant, ils épargent aux pauvres et aux voisins cette peine et c'est un bienfait de plus et une expression de sa gratitude vis-à-vis de cette grâce.
D'autre part, les repas de ce genre, qui sont des manifestations de gratitude, sont tous traités de la sorte ( c'est dire préparés).
Voici les différentes appellations de ces repas:
*Al quira: Qui est le repas offert aux hôtes.
*Al ma'douba: Le banquet.
*At-Touhfa: Repas offert au visiteur
*Al walîma: Festin de noces.
*Al khouras: plat de l'accouchée.
*Al aqîqa: Sacrifice effectué le septiéme jour où on coupe les cheveux du nouveau-né.
*Al gazîra: Repas offert en l'honneur de l'enfant circoncis
*Al wadhîma: Repas des obsèques.
*An-naquî'a: Repas préparé à l'occasion du retour du voyageur.
*Al wakîra: Repas offert à l'achèvement d'une construction.
Offrir les repas en ces circonstances est préférable à la simple distribution de viande, cet acteest considéré comme une marque de noblesse de caractère et de générosité.
Et Allah sait mieux.
Le musulman majeur dont les parents n'ont pas fait de sacrifice 'aqiqa, peut-il s'en aquitter personnellement ?
Al-Khallâl rapporte qu'Abdul'Malik l'a informé en une autre circonstance qu'il a demandé à Abû abdallah:
-Peut on faire le Aqîqa pour le fils devenu majeur ?
- Je n'ai rien appris concernant la personne majeure, dit-il.
-Son pére était indigent, puis sa situation s'est améliorée et il n'aimerait pas prover son fils d'aqîqa; répliquai-je.
-Je ne sais pas, je n'ai rien appris concernant la personne majeure, dit il à nouveau. Quiconquue le fait, c'est une bonne chose; il y a des gens qui l'estiment obligatoire, renchérit-il.
De ce que l'on dit en immolant
Ibn Al-Mounzir rapporte d'aprés Aïcha Radhia'llaahou anha, que le Prophète sallallahou 'alaihi wa sallam a dit :
" Immolez en Son nom et dites :
اللَّهُمَّ لَكَ وَ إِلَيْكَ هَذِهِ عَقِقَةُ ُ فُلاَنْ
"Allahoumma laka wa ilayka hâdhihi 'aqiqatou foulan"
"Ô Allah, elle T'appartient et retourne vers Toi. Ceci est le Aqiqa d'untel".
(note de bas de page : Rapporté par Abdourrazzâk dans Al moussannaf, Abû Ya'lâ et A baïhaqi.)
Ibn Al Mounzir a dit:
" C'est une bonne chose; et si la personne a l'intention de faire le aqîqa et ne prononce pas cela, c'est acceptable, s'il plait à Allah."
Al-Khallâl rapporte d'après Ahmad Ibn Muhammad ibn Matar et Zakaria Ibn Yahya qu'Abû Tâlib leur a dit qu'il a demandé à Abdullah:
-Que doit dire l'homme qui veut immoler le Aqîqa?
-Qu'il dise : Au nom d'Allah بِسْمِ اللَّه et qu'il immole avec l'intention - comme il le fait pour le sacrifice- en disant:
هَذِهِ عَقِقَةُ ُ فُلاَنْ ابْنُ فُلاَنْ
Ceci est le aqîqa d'untel fils d'untel.
Apparement, il a associé à la fois et la formule.
De la sagesse de la spécification du 7ème jour pour le 'aqiqa
Il ya quatre choses qui sont liées au 7ème jour:
*Lui faire le Aqîqa
*Lui couper les cheveux
*Lui donner un nom
*Le circoncire.
A l'unanimité, les savants considèrent qu'il est souhaitable d'accomplir les deux premiers points le septième jour.
Quant à lui donner le nom et le circoncire le même jour, c'est un sujet de controverse, comme on le verra plus loin inchaâ-Allah.
Les références concernant le aqîqa accompli le 7ème jour ont déjà été citées.
La sagesse derrière cela - et Allah sait mieux - est que le bébé à sa naissance est encore trés fragile, à cheval entre la santé et la mort.
On en sait pas vraiment s'il va survivre ou non, jusqu'à ce que s'écoule une période d'observation qui va nous rassurer sur l'état de sa constitution et de sa santé, et montrer qu'il est apte à vivre.
On a donc choisi une période équivalente au nombre de jours de la semaine, car la semaine constitue un cycle à travers la rotation des jours, de même que l'année est un cycle défini par la rotation des mois.
Tiré du livre Les préceptes islamiques relatifs au nouveau né (تهذيب تحفة المودود بأحكام المولود)
✅Publié par darwa.com
Cheikh Mouhammad Nacer-dine Al-Albany - الشيخ محمد ناصر الدين الألباني
Imam Muhammad Ibn Abî Bakr Ibn Qayyîm al-jawziya - الإمام محمد بن أبي بكر ابن قيم الجوزية