Les jeux de mots
Question :
Quel est le regard de la religion sur les jeux de mots ?
Et est-ce qu’il y a des cas particuliers ?
Réponse :
Le jeu de mots consiste à dire quelque chose qui signifie autre chose que ce qui est dit en apparence.
Ceci est permis sous deux conditions :
- Le sens voulu est compris dans le mot utilisé
- Que ce ne soit utilisé pour une injustice
Par exemple, un homme dit : « Je ne dors que sur un Watâd. »
"Watâd" a deux sens en arabe : le porte-manteaux et la corde.
Mais la personne dit : « J’ai voulu dire sur une corde », et ce sens est un des sens de Watâd, et il n’a commis d’injustice envers personne.
C’est donc autorisé.
Un autre exemple est celui de la personne qui dit : « Par Allah, je ne dors que sous un toit », et il va dormir sur la terrasse, car il voulait en fait désigner par le toit, le ciel.
C’est correct puisque le ciel est appelé « toit » dans la parole d’Allah (traduction rapprochée):
« Et Nous avons fait du ciel un toit protégé. » [1]
D’autre part, le jeu de mots ne doit pas être utilisé pour commettre une injustice.
Par exemple, il n’est pas permis dans le cas suivant : deux personnes se présentent devant le juge, l’une accusant l’autre de l’avoir spoliée, mais sans avoir de preuves.
Le juge demande à l’accusé de jurer qu’il ne possède rien des biens du plaignant.
L’accusé jure : « Par Allah, je n’ai rien de lui », mais il veut dire en réalité : « Par Allah, tout ce qui est à lui, je l’ai. »
Sur ce, le juge l’acquitte, puis les gens, informés de l’affaire, lui disent qu’il a fait un serment mensonger qui plonge son auteur en Enfer et dont le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit :
« Celui qui fait un serment injuste pour prendre la part d’une personne musulmane, trouvera Allah en colère contre lui. » [2]
L’accusé dit alors que la particule « Mâ » (en arabe) utilisée a deux sens : la négation (rien) et l’affirmation (ce que) et c’est ce 2ème sens qu’il voulait dire dans son affirmation.
Même si le sens du mot est compris dans ce qu’il a dit, ce jeu de mots est une injustice et par conséquent, ce n’est pas permis.
C’est pourquoi dans le hadith, le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, a dit :
« Ton serment vaut sur ce que le témoin en a compris. » [3]
Par conséquent, il est inutile de donner une autre interprétation auprès d’Allah quand on profère un serment injuste.
De même, si une femme est accusée de crime dont elle est innocente, et que son mari jure en disant : « Par Allah, elle est ma sœur. » [4]
Il dit : « Je voulais dire ma sœur en islam. »
Ceci est un jeu de mot puisqu’il est vrai que c’est sa sœur en islam, mais en réalité, il commet une injustice [par son serment].
[1] Les Prophètes, v. 32.
[2] Al-Bukhârî dans le chapitre des témoignages (2669), Muslim dans le chapitre de la foi (138) .
[3] Muslim dans le chapitre de la foi (1653).
[4] Ceci équivaut à une forme de répudiation, car la formule voudrait dire : « Elle m’est illicite comme ma sœur m’est illicite. »
Majmu Durûs Fatâwa al-Haram al-Makkî, tome 3, pages 367 et 368
✅ Publié par fatawaislam.com
Cheikh Mouhammad Ibn Salih Al-’Outheymine - الشيخ محمد بن صالح العثيمين