La définition complète et définitive de la bid’ah

Publié le par 3ilm char3i-La science legiferee

La définition complète et définitive de la bid’ah

L'Imām ach-Chātibī, dans son excellent ouvrage al-I’tisām, a donné la définition législative la plus complète, concise et définitive d'al-bid’ah (البدعة), et notre exposé sur les fondements ne seraient pas complet si on n'en parlait pas.

 

L'imām ach-Chātibī a dit dans al-I’tisām (1/43) :

 

فالبدعة إذن عبارة عن: طريقة في الدين مخترعة تضاهي الشرعيّة، يُقصد بالسلوك عليها المبالغة في التعبد لله تعالى 

 

L'innovation (al-bid’ah) désigne donc :

 

-Une voie dans la religion,

-Inventée,

-Qui ressemble à la voie légale islamique (Chari’ah),

-Et qui a pour objectif d'amener celui qui l'emprunte à l'excès dans l'adoration d’Allah l'Exalté.

 

L'Imām ach-Chātibī a ensuite lui-même développé cette définition, et des savants de Ahl as-Sunnah l'ont également commentée.

 

Elle comporte plusieurs éléments et on peut les résumer de la façon suivante :

 

-Élément 1

 

Une voie (طريقة) : c'est tout sabīl, tarīq, sunan (ces termes référant tous à des voies), c'est la même chose, et cela désigne tout ce qui est mis en place pour être suivi et emprunté.

 

C'est donc la première chose : que l'intention derrière la mise au point ou la création d'une telle voie soit qu'elle soit prise comme une ligne de conduite.

 

-Élément 2

 

En matière de religion (في الدين) : cela exclut donc toutes les autres affaires, telles que les habitudes, les coutumes etc., et ce, parce que ce chemin ou cette voie se voit attribuée à la religion, et s'il s'agissait d'une chose mondaine (non religieuse), on ne l'appellerait pas bid’ah (innovation) [dans le sens législatif].

 

Toutes les affaires de l'ordre du terrestre se trouvent donc en dehors de la définition de la bid’ah.

 

C'est une chose qu'il est important de comprendre, car dans le langage de certains savants, on peut les voir employer le terme dans son sens linguistique, plus large ; on peut trouver des exemples de cela dans les paroles de l'Imām ach-Chafi’i, de Cheikh al-Islam Ibn Taymiyyah et de Cheikh Muhammad ibn ‘Abd el-Wahhāb.

 

-Élément 3

 

Inventée (مخترعة) : c'est-à-dire qu'elle n'a pas d'exemple précédent, de modèle antérieur.

 

Avec cette restriction, on exclut beaucoup de choses de la définition de la bid’ah, en particulier les choses qui ont bien un fondement dans la Chari’ah, et ces choses incluent la compilation du Qoran, l'écriture et la compilation des hadiths, la prière de tarawih en congrégation, les principes de fiqh, la science de la grammaire et de la morphologie, etc.

 

Même si elles n'étaient pas formellement présentes, leur fondement se trouve dans la Chari’ah.

 

Elles ne sont par conséquent pas considérées comme des innovations dans le sens législatif (c-à-d. blâmables), et ceux qui ont parlé d'elles en utilisant le terme d'innovations, ne l'ont fait que dans le sens linguistique du terme, comme dans la parole de ‘Umar ibn al-Khattāb parlant du fait qu'il a ressemblé les gens en une seule jamā’ah (groupe) pour la prière de tarāwīh et disant que c'est une « excellente bid’ah », or cet acte a un fondement dans la Sunnah car le Messager (‘alayhis salām) a dirigé les gens pendant trois jours au Ramadan dans une prière de tarawih en congrégation.

 

-Élément 4

 

Elle ressemble à la Chari’ah (تضاهي الشرعيّة).

 

C'est une autre partie cruciale de la définition, car l'innovation dans la religion est de deux types : une qui n'a absolument aucune base et qui est complètement étrangère à la religion, et une qui ressemble à la Chari’ah dans son fondement, mais qui s'oppose à la Chari’ah dans sa forme et ses détails, et la plupart des innovations sont de cette nature-là (la deuxième sorte).

 

Ach-Chātibi donne quelques exemples de ce qui est visé par cette partie de la définition et mentionne le dhikr en congrégation (le rappel à l'unisson, d'une seule voix), et le fait de prendre l'anniversaire du Prophète (‘alayhis salām) comme un jour de fête (‘id).

 

Le dhikr a un fondement dans la Chari’ah et l'existence de jours de fête (‘id) aussi, mais dans les détails particuliers, ces pratiques (le dhikr a l'unisson et la célébration de l'anniversaire du Prophète ‘alayhis salām) sont des innovations.

 

Ach-Chātibi dit que si ce n'était pas la nature des innovations de ressembler à la Chari’ah, on les traiteraient comme des actes habituels, rien de plus.

 

Ach-Chatibi explique aussi que la personne d'innovation innove dès le départ ces choses de telle sorte à ce qu'elles ressemblent à la Chari’ah afin qu'il puisse duper les autres, et il mélange des choses de la Sunnah avec son innovation car c'est la seule façon qu'il a d'obtenir des gens une réponse.

 

Cela fait partie des choses les plus importantes que l'Imām ach-Chatibi signale, car on entend les innovateurs, parmi les adorateurs de tombes contemporains et autres, essayer de justifier leurs actes en prétextant qu'ils ont une base dans la Chari’ah.

 

Ce n'est pas l'endroit pour réfuter ce doute, inchā'Allāh ce sera fait dans un autre article, mais il est important de bien noter cela : que c'est la nature même de l'innovation que de ressembler fortement à la Chari’ah, et c'est ainsi que la plupart des innovations ont une base dans la Charī’ah dans certains aspects, mais s'écartent d'elle dans d'autres aspects.

 

-Élément 5

 

Ce qui est recherché en empruntant la voie innovée particulière, c'est l'exagération dans l'adoration d'Allāh (يُقصد بالسلوك عليها المبالغة في التعبد لله تعالى) : cela participe de la complétude de la définition de la bid’ah, parce qu'il s'agit du principal objectif pour lequel elle (la bid’ah) est inventée, et c'est comme si l'innovateur pensait qu'il avait le droit de faire cela parce que c'est le but de sa création, conformément à la parole d'Allāh (traduction rapprochée) :

 

« Je n'ai créé les Djinns et les Hommes que pour qu'ils M'adorent. » (51:56).

 

Il ne lui est cependant pas apparu que les lois, règles et limites qu'Allāh a légiférées suffisent.

 

Toutefois, l'innovateur a souvent des désirs comme le fait de vouloir être suivi, et c'est ce qui le motive à innover pour les gens, avec comme prétexte de les faire se rapprocher d'Allāh.

 

Et ach-Chatibi cite à ce sujet la parole de Mu’adh ibn Jabal (radiallāhu ‘anhu) :

 

"On craint qu'un homme ne dise :

« Ce ne sont pas mes adeptes et ils ne me suivront pas, même si je leur récite le Qoran. Ils ne me suivront pas tant que je n'aurais pas innové quelque chose d'autre pour eux. »"

Prenez  donc garde à ce qu'il innove, car ce qu'il innove est un égarement."

Rapporté par Abu Dawud dans son Sunan, ad-Darimi dans son Sunan, et également par al-Ājurrī dans ach-Chari’ah, par Ibn Waddah dans al-Bida’ et par d'autres. 

 

Ach-Chatibi souligne aussi qu'avec cette partie de la définition, il devient clair que la notion d'innovation [blâmable] ne concerne pas le domaine de la vie quotidienne, des choses ordinaires (al-'ādāt).

 

Il y a des choses et des voies qui sont innovées, qui ressemblent à la Chari’ah, mais pas avec l'intention de se rapprocher par elles d'Allāh et de L'adorer ; ces choses n'entrent donc pas dans la définition de la bid’ah.

 

Les exemples qu'il donne comprennent les amendes imposées (auxquelles un dirigeant peut soumettre ses sujets), qui ont une valeur précise pouvant ressembler à celle de la zakah, ainsi que l'utilisation de passoires et le fait de se laver les mains avec de la potasse, parmi les choses qui n'étaient pas présentes auparavant.

 

Bien qu'elles peuvent ressembler à quelque chose de la Chari’ah, on n'a pas l'intention par elles d'amplifier l'adoration d'Allāh le Très-Haut.

 

-Élément 6

 

Ach-Chatibi explique aussi que dans sa définition se trouve incluse la bid’ah tarkiyyah, et que c'est lorsqu'une personne délaisse un acte, cherchant par là la proximité d'Allāh et à se rapprocher de Lui, et que cet abandon est contraire à la Chari’ah.

 

Se référer à : al-I’tisām (tahqiq : M. Salman, Maktabah at-Tawhid) 1/41-55.

Source : www.bidah.com

copié de albasyrah.over-blog.com

 

Imam Abou Ishaq Ach Chatibi - الإمام أبو إسحاق الشاطبي 

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