Le boycott collectif, prérogative du gouvernant

Publié le par 3ilm char3i-La science legiferee

Le boycott collectif, prérogative du gouvernant
Louange à Allah, Maître des Mondes, et paix et salut sur celui qu’Allah a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection.
Ceci dit : 
 
Le fondement établi, en général, en ce qui concerne les transactions avec les mécréants, est l’autorisation absolue quel que soit leur statut : reliés à un Etat musulman par un pacte, sous sa protection, ou en guerre contre lui.

Cependant, sont exceptés les produits dont l’interdiction est inhérente à leur substance tels que le vin, la viande de porc et la chair d’une bête morte.

Font partie aussi, les bénéfices illicites comme les intérêts usuraires et les biens [à usage non autorisé], comme le fait d’utiliser les raisins pour fabriquer du vin ; la possession de ces biens ainsi que de les louer pour des fins interdites.

De même, il est prohibé d’effectuer des transactions qui pourraient être des moyens que les pays combattants utiliseront contre les pays musulmans, ou sur lesquels ils s’appuieront dans l’établissement de leur religion et leurs fêtes.

Il est aussi absolument interdit de vendre une copie du Coran ou un esclave musulman à un incroyant.

En dehors de ces choses, il demeure autorisé, par unanimité, d’entreprendre des affaires avec les mécréants  [1].

La preuve de cela est le fait que le Messager صلى الله عليه وسلم et ses Compagnons  ont effectué des transactions commerciales avec les habitants de la Mecque ainsi que les groupes de mécréants qui s’y rendirent, et ce avant la  Hidjra (l’émigration vers Médine).

Il a également accompli des transactions avec les bédouins qui venaient à Médine alors qu’ils persistaient dans le polythéisme.

Puis, après sa Hidjra, le Prophète صلى الله عليه وسلم, ainsi que ses Compagnons, ont fait des échanges avec les juifs qui résidaient à Médine, et avec les bédouins qui se situaient dans les alentours.

De plus, les Compagnons  effectu­aient des transactions avec eux au vu et au su du Prophète صلى الله عليه وسلم, et bien que les Compagnons  ont établi des transactions commer ciales et monétaires multiples et durables avec les mécréants, il n’a jamais été rapporté que le Prophète صلى الله عليه وسلم leur interdisait de traiter avec eux, quel que soit le type de leur mécréance ; par obstination, par ignorance ou par hypocrisie.

Par contre, de nombreux hadiths confirment que le Prophète صلى الله عليه وسلم ainsi que ses Compagnons  effectuaient des transactions avec les juifs de Médine par la vente, l’achat, le prêt, le gage et d’autres affaires financières et commerciales qui sont autorisées dans notre religion.

A cet effet, El-Boukhâri رحمه الله a conçu dans un chapitre un passage intitulé :
« Concernant la transaction, par l’achat et la vente, avec les polythéistes et les mécréants en combat avec les musulmans » [2].

Ceci dit, le fait qu’il est licite d’avoir des liens commerciaux avec les mécréants ne fait point partie de l’attirance (vers eux) qui nous est interdite.

En effet, cela est excepté par le hadith rapporté par Aïcha رضي الله عنها que :

« Le Messager 
صلى الله عليه وسلم a acheté de la nourriture contre laquelle il a déposé comme gage un bouclier en fer » [3].

Mais ce hadith ne veut pas dire qu’il est autorisé de vendre des armes aux mécréants, car le bouclier ne fait pas partie des armes, et le nantissement n’est pas une sorte de vente non plus.

De plus, le juif en question était du nombre des sujets mis sous protection et surveillance, chose qui ne suscite de craindre aucune attaque de sa part.

Tandis que le fait d’aider les ennemis d’Allah  avec les armes, nous avons cité précédemment l’unanimité des savants sur son interdiction.

C’est plutôt considéré comme une trahison majeure.

Ainsi, tenir au principe de l’autorisation d’effectuer des trans actions avec les incroyants, particulièrement en ce qui concerne les produits que les musulmans ont beaucoup besoin, n’affecte pas du tout le dogme d’ El-Welê' Wel-Barâ' (l’allégeance et le désaveu) qui est l’une des anses de l’Islam les plus solides.

Cela, tant que le musulman qui opère ces échanges déteste le polythéisme et l’incroyance ainsi que leurs partisans, n’accepte pas la mécréance et la condamne, ne prend pas les mécréants pour alliés en leur témoignant de l’amour, ne les soutient pas, ne les loue pas et ne leur apporte pas son aide contre les musulmans, ne cherche pas à leur ressembler dans leurs spécificités mondaines et religieuses, ne les prend pas pour confidents, en leur confiant ses secrets et ses affaires importantes, ne les prend pas pour juge et n’agrée pas leur jugement (droit positif) en abandonnant celui d’Allah  et de Son Messager صلى الله عليه وسلم, ne vénère point le mécréant, ni par la parole ni par l’acte, n’assiste pas à leurs festivités et ne les en félicite pas, ne les prend point pour alliés ni intérieurement ni extérieurement et ne les courtise pas non plus au détriment de la religion.

Voilà quelques aspects qu’implique le désaveu dans la pratique desquels le musulman s’applique avec la croyance et l’acte.

C’est en fait par ces aspects que sera réalisée l’opposition aux gens de l’enfer, et sera concrétisée une personnalité originale et indépendante, suivant la conduite correcte et le droit chemin.

En vérité, c’en est bien meilleur que de boycotter les marchandises et les articles commerciaux, car cela fait partie des corollaires de l’attestation de l’Islam et des compléments de la foi, vu le hadith du Prophète صلى الله عليه وسلم :

« Quiconque aime en Allah, déteste en Allah, fait don pour Allah et s’abstient [de donner] pour Allah a donc accompli sa foi » [4].

Ceci dit, le jugement concernant le boycott des marchandises de certains Etats mécréants varie selon la situation de la société musulmane, de sa puissance et des répercutions du boycott sur elle.

Cela parce qu’un Etat dont l’économie et l’industrie reposent sur l’importation des produits commerciaux et des matières indus trielles des pays mécréants est un Etat dépendant ; sa faiblesse en est la cause. La mécréance, par contre, appartient à une même voie.

Les incroyants, en se réunissant contre les musulmans, forment un seul corps.

Donc, même si certains pays mécréants sont boycottés, la dépendance à d’autres demeurerait constamment car la nation musulmane n’est par autarcique.

De plus, même si cette rupture contraindra les pays en question à se soumettre, cela ne sera, malgré tout, pas dans l’intérêt de l’Islam et des musulmans.

La défaillance des musulmans en est à l’origine.

Cette vision sur l’aboutissement des choses est estimative. Toutefois – en tenant compte des intérêts des musulmans et l’estimation des inconvénients – si le gouvernant musulman applique son autorité discrétionnaire et opte pour le boycott comme solution adéquate contre n’importe quel pays mécréant, et ce, après avoir consulté les gens doués de droiture et de bonne opinion ; élevant ainsi le rang de l’Islam, secourant les musulmans et avilissant les incroyants : dans ce cas, l’obéissance quant à sa décision devient obligatoire du fait qu’elle est reliée aux affaires sécuritaires et militaires de l’Etat, dont le gouvernant détient seul la prérogative.

Cela suivant la règle qui stipule  « Les prises de position du gouvernant sont liées à l’intérêt », car : « Le statut du gouvernant par rapport à ses sujets est pareil à celui du tuteur par rapport à l’orphe lin » comme dit Ech-Châfi`i [5].

En effet, c’est dans ce sens que s’interprètent les hadiths authentiques relatés au sujet du siège de Banou En-Nadhîr par le Prophète 
صلى الله عليه وسلم, et sur le fait d’avoir incendié leurs palmeraies, ainsi qu’au sujet du blocus effectué par Thoumâma Ibn Outhâl.

Il a dit aux habitants de la Mecque :

« Par Allah ! Aucune graine de froment ne vous parviendra d’El-Yamâma jusqu’à ce que le Messager d’Allah 
صلى الله عليه وسلم donnera son autorisation » [6].

Il y a, par ailleurs, beaucoup d’autres événements renvoyant au djihad par les biens et autres types de djihad.

Ces événements sont basés sur le fait de repousser les nuisances et d’amener les intérêts, selon l’estimation et l’autorisation du dirigeant des musulmans.

A partir des dispositions précédentes, on pourra classer ce qui en résulte comme suit :

 

 -Premièrement : le fondement arrêté quant aux transactions avec les mécréants est qu’elles sont tout à fait licites tant qu’elles ne touchent pas à un interdit.

L’interdiction peut comprendre un bien en soi-même, un contre-valeur, un intérêt ou une location.

De même, ces transactions ne doivent aucunement constituer une aide contre les musulmans, ni être un moyen sur lequel les mécréants s’appuieront pour l’établissement de leur religion.

-Deuxièmement : il n’y a aucun mal de s’attacher au fondement précédent, car il ne transgresse point la croyance de l’allégeance et du désaveu, du moment qu’il y a observance aux exigences démontrées antérieurement.

Cela est conditionné aussi par le fait de ne pas cesser d’acheter les [produits] du musulman d’une manière absolue en y favorisant le mécréant sans justification sincère.

-Troisièmement : également, il n’y a point de mal pour celui qui effectue un boycott individuel, en ayant l’intention d’affaiblir l’économie des incroyants, de montrer son désaveu et son désagrément à eux.

Mais, sous condition qu’il n’émanent pas de lui des attitudes corrompues ni corruptrices.

Celles-ci peuvent se manifester par : le fait d’accuser d’égarement celui qui s’en oppose ; de le calomnier d’être en alliance avec les ennemis d’Allah  et de les aider dans leur égarement.

Aussi, à condition que cela n’entraîne pas la ruine des biens, et la détérioration des marchandises et des produits en les détruisant par le feu ou le stockage.

En effet, cela présente une nuisance pour le musulman et une agression contre ses biens et son honneur.

Allah  dit :

وَاللَّهُ لاَ يُحِبُّ الْفَسَادَ - البقرة: 205

 

Le sens du verset :

 

﴾Et Allah n’aime pas le désordre﴿ [El-Baqara (La Vache) : 205]

Le Prophète صلى الله عليه وسلم dit :

 

« Tout musulman est sacré pour tout autre musulman : son sang, ses biens et son honneur » [7]

Il a dit aussi :  « Votre sang, vos biens et votre réputation (honneur) vous sont sacrés comme est sacré ce jour-ci dans votre cité-ci, en votre mois-ci » [8]. 

Il a dit aussi  : « Pas de nuisance ni à soi-même, ni à autrui » [9]


D’autre part, il est interdit de porter atteinte à un mécréant : dans son sang, ses biens et son honneur s’il n’est pas en combat avec les musulmans.

Allah  dit dans un hadith  Qoudoussi (divin) :

« Ô Mes servi teurs ! Je me suis interdit d’être injuste et J’ai rendu l’injustice interdite entre vous également. Alors, ne vous portez pas injustes les uns les autres! » [10].

Et le Prophète صلى الله عليه وسلم dit :

« Je serais, le Jour Dernier, l’adversaire de celui qui opprime un pactiseur, amenuise son droit, lui impose une charge qu’il ne supporte pas ou prend quelque chose de lui sans qu’il accepte » [11].

Il est donc obligatoire de se comporter justement avec eux, car l’erreur de l’un d’entre eux n’implique pas tous les autres, vu la Parole d’Allah  :

 وَلاَ تَزِرُ وَازِرَةٌ وِزْرَ أُخْرَى - الأنعام: 164

 

Le sens du verset :

 

﴾Personne ne portera la responsabilité d’autrui﴿. [El-An`âme (Les Bestiaux) : 164]

Ainsi que Sa Parole  :

 

وَلاَ يَجْرِمَنَّكُمْ شَنَآنُ قَوْمٍ عَلَى أَلاَّ تَعْدِلُوا اعْدِلُوا هُوَ أَقْرَبُ لِلتَّقْوَى وَاتَّقُوا اللَّهَ - المائدة: 8

 

Le sens du verset :

 

﴾Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété﴿. [El-Mê'ida (La Table Servie) : 8].

Par ailleurs, si les mécréants sont reliés avec les musulmans par des pactes ou que ceux-ci leur doivent des dettes, dans ce cas il est interdit aux boycotteurs de ne pas accomplir leurs pactes ou de les frustrer de leurs créances.

Il est une obligation de s’acquitter de leurs dûs, vu la Parole d’Allah  :

 

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا أَوْفُوا بِالْعُقُودِ - المائدة: 1

 

Le sens du verset :

 

﴾Ô les croyants ! Remplissez fidèlement vos engagements﴿ [El-Mê'ida (La Table Servie) : 1].

 

Allah  dit aussi :

 

وَأَوْفُوا بِالْعَهْدِ إِنَّ الْعَهْدَ كَانَ مَسْئُولاً - الإسراء: 34

 

﴾Et remplissez l’engagement, car on sera interrogé au sujet des engagements﴿ [El-Isrâ' (Le Voyage Nocturne) : 34].

Le Prophète صلى الله عليه وسلم dit dans ce sens :

 

« Rends le dépôt à celui qui te l’a confié, et ne trahis pas celui qui t’a trahit » [12].

 

-Quatrièmement : dans le cas où le gouvernant se charge de la responsabilité de rompre les transactions avec un pays mécréant afin de réaliser l’intérêt des musulmans, il est alors un devoir de lui obéir dans ce boycott collectif.

 

Les règles générales [de la charia] décrètent cet état de fait.

De même, c’est dans ce sens que s’interprètent les hadiths traitant de ce sujet.

 

Voilà ce que nous vouons comme religion à Allah, le Seigneur des Mondes concernant cette affaire. Nous demandons à Allah  d’honorer Sa religion, d’élever Sa Parole, et de triompher pour Son Prophète صلى الله عليه وسلم et Sa religion, de nous montrer la vérité telle qu’elle est et de nous aider à y adhérer et de nous montrer la voie fausse telle qu’elle est et de nous aider à la délaisser.

Ô Allah !

Assiste cette  Oumma (la nation musulmane) pour qu’elle s’accroche à la croyance en Toi, afin qu’elle revienne à Ta religion et qu’elle en soit fière. Tu exauces certes les invocations ; Tu es Audient et Proche.

Le savoir parfait appartient à Allah , et notre dernière invocation est qu’Allah, Seigneur des Mondes soit Loué, et que prière et salut soient sur notre Prophète صلى الله عليه وسلم, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection.
 
[1]   Voir : « El-Medjmoû` » d’En-Nawawi (11/40).
[2]   Voir : « Sahîh El-Boukhâri » (4/410) (hadith 2216).
[3]   Rapporté unanimement par El-Boukhâri (4/302) (hadith 2068) et Mouslim (11/40) d’après Aïcha .
[4]   Rapporté par Abou Dawoûd dans le chapitre de « la Sounna » (hadith 4683) et Ibn `Assâkir dans son œuvre « Târîkh Dimachq » (6/16/2, 9/396/2), d’après le hadith rapporté par Abou Oumâma . Ce hadith est authentifié par El-Albâni dans « Es-Silsila Es-Sahîha » (hadith 380) et dans « Sahîh El-Djâmi`» (hadith 5965).
[5]   Voir : « El-Manthoûr » d’Ez-Zerkachi (1/ 183).
[6]   Rapporté par El-Boukhâri, chapitre des « conquêtes » (hadith 4372), Mouslim dans le chapitre du « djihad et biographies » (hadith 4688), Ahmed (hadith 10088) et El-Beyhaqi (hadith 13215), d’après Abou Hourayra .
[7]   Rapporté par Mouslim dans le chapitre de « bonté, lien et de bienséances » (hadith 6706), par Abou Dâwoûd dans le chapitre de « la bienséance » (hadith 4884) et par Et-Tirmidhi dans le chapitre du « bien et du lien » (hadith 2052), d’après Abou Hourayra .
[8]   Rapporté par El-Boukhâri dans le chapitre du « savoir » (hadith 67), par Mouslim dans le chapitre du « Serment (de la part des accusés pour avoir tué quelqu’un » (4477), par Ahmed (hadith 2923), par Ed-Dârimi (hadith 1968) et par El-Beyhaqi (hadith 9894), d’après Abou Bakra .
[9]   Rapporté par Ibn Mâdjah dans le chapitre des « jugements » (hadith 2430), par Ahmed (hadith 23462) et par El-Beyhaqi (hadith 12224), par l’intermédiaire d’`Oubâda Ibn Es-Sâmit . En-Nawawi en parlant du hadith (32) de son œuvre «El-Arba`îne En-Nawawiyya » a dit : «Ce hadith a d’autres chaînes de transmission dont l’une renforce l’autre » ; Ibn Radjeb a dit dans « Djâmi` El-`Ouloûm Wel-Hikem » (hadith 378) : « c’est tout à fait comme a dit En-Nawawi ». D’autre part, El-Albâni l’a jugé authentique dans « El-Irwâ' » (hadith 896), dans « Es-Silsila Es-Sahîha » (hadith 250) et dans « Ghâyat El-Marâm » (hadith 254).
[10] Rapporté par Mouslim dans le chapitre les « bienséances et le lien » (hadith 6737), par Ibn Hibbâne (hadith 621), par Ahmed (hadith 20960), par El-Beyhaqi (hadith 11837) et par El-Bazzâr (hadith 885), d’après Abou Dhar .
[11]  Rapporté par Abou Dâwoûd dans le chapitre de « El-Kharâdj » (tribut) (hadith 3054), et par El-Beyhaqi (hadith 19201), d’après Safwêne Ibn Souleym qui le rapporta de plusieurs Compagnons du Prophète صلى الله عليه وسلم. Ce hadith est jugé bon par Ibn Hadjar dans son œuvre « Mouwâfaqat El-Khabar El-Khabar » (2/184). Es-Sakhâwi a dit dans « El-Maqâssid El-Hassana » (p.459) que sa chaîne de transmission est acceptable et El-Albâni l’a authentifié dans « Es-Silsila Es-Sahîha » (1/807) et dans « Michkât El-Massâbîh » (hadith 4047).
[12]  Rapporté par Et-Tirmidhi dans le chapitre des « transactions » (hadith 1264), par Abou Dâwoûd dans le chapitre du « louage » (hadith 3535), par Ed-Dârimi dans le chapitre des « transactions » (hadith 2652), d’après Abou Hourayra . Ce hadith est authentifié par Es-Sakhâwi dans « El-Maqâssid El-Hassana » (51) et El-Albâni dans « Silsilat El-Ahâdîth Es-Sahîha » (hadith 424).

 

Alger : le 14 Mouharram 1427H, Correspondant au : 13 Février 2006G.

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الحمد لله ربِّ العالمين، والصلاة والسلام على من أرسله الله رحمة للعالمين، وعلى آله وصحبه وإخوانه إلى يوم الدين، أما بعد

فالأصل المقرر في عموم التعامل مع الكفار جوازه مطلقًا سواء كانوا أهل ذمة أو مستأمنين أو محاربين، ويستثنى من ذلك ما كان الحرام في ذات المتعامل فيه كالعوض المحرم مثل: الخمر ولحم الخنزير والميتة، أو كالمنفعة غير المباحة مثل: الفوائد الربوية، والعين غير المباحة مثل: العنب يتخذ خمرًا، أو ملك العين، أو إجارتها لغاية محرمة، وكذلك يحرم التعامل في الوسائل التي يستعين بها أهل الحرب على أهل الإسلام أو يستعينون بها في إقامة دينهم، وأعيادهم، ولا بيع مصحف ولا العبد المسلم للكافر مطلقًا، فما عدا هذا فمعاملتهم جائزة إجماعًا(١)، ويدل عليه ما ثبت وقوع معاملة الرسول صلى الله عليه وآله وسلم وأصحابه أهل مكة قبل الهجرة، ومن يرد عليها من طوائف الكفار، كما عامل مع من وفد إلى المدينة من الأعراب الباقين على الشرك، وبعد هجرته صلى الله عليه وآله وسلم إلى المدينة عامل هو صلى الله عليه وآله وسلم وأصحابه اليهود من أهل المدينة وممن حولها من الأعراب، وكانت معاملة الصحابة لهم -أيضا- بمرأى منه ومسمع، ولم ينقل على كثرة معاملاتهم التجارية والمالية، وطول مدتها، أن النبي صلى الله عليه وآله وسلم منع معاملة الكافر مهما كانت صفة كفره عنادًا أو جهلاً أو نفاقًا، بل أحاديث كثيرة ثبت فيها تعامل النبي صلى الله عليه وآله وسلم وأصحابه مع يهود المدينة بالبيع، والشراء، والقرض، والرهن، وغير ذلك من المعاملات المالية والتجارية المباحة في ملتنا، وقد بوَّبَ البخاري- رحمه الله- لهذا المعنى" باب الشراء والبيع مع المشركين وأهل الحرب"(٢

هذا، وليس جواز معاملة الكفار من الركون المنهى عنه، فقد انتفى بما ثبت من حديث عائشة رضي الله عنها "أن رسول الله صلى الله عليه وآله وسلم اشترى من يهودي طعامًا ورهن درعًا من حديد"(٣)، ولا يستفاد من الحديث جواز بيع السلاح للكفار، لأنَّ الدرع ليس من السلاح، والرهن ليس بيعًا، واليهودي كان من المستأمنين تحت الحماية والحراسة فلا يخشى منه سطوة، أما إعانة أعداء الله بالأسلحة فقد تقدم تحريم التعامل فيها إجماعًا، بل هي معدودة من الخيانة العظمى

      وعليه فمن تمسك بمبدأ جواز معاملة الكفار، وخاصة ما للمسلمين فيه حاجة، فإنه لا يقدح أصلاً في عقيدة الولاء والبراء التي هي من أوثق عرى الإسلام، ما دام يبغض الشرك والكفر وأهله، ولا يرضى به ولا يقر عليه، ولا يتخذ الكفار أولياء يلقي إليهم بالمودة، ولا يناصرهم ويمدحهم، ولا يعينهم على المسلمين، ولا يتشبه بهم فيما هو من خصائصهم دنيا ودينًا، ولا يتخذهم بطانة له يحفظون سره، ويتولون أهم أعماله، ولا يتحاكم لهم، أو يرضى بحكمهم، ويترك حكم الله ورسوله، ولا يعظم الكافر بلفظ، أو فعل، ولا يشاركهم في أعيادهم، وأفراحهم، ولا يهنئهم عليها، ولا يواليهم في كل شيء في الظاهر والباطن، ولا يداهنهم ويجاملهم على حساب الدين، تلك هي بعض حقوق البراء التي يلتزم بها المسلم عقيدة وعملاً، وبها تحصل مخالفة أصحاب الجحيم، وتتحقق له الشخصية الذاتية المستقلة، سيرًا على الهدي القويم، والصراط المستقيم، وهي أعظم من مقاطعة السلع والبضائع، إذ هي من لوازم الشهادة، ومكملات الإيمان لقوله صلى الله عليه وآله وسلم:" مَنْ أَحَبَّ فِي اللهِ، وَأَبْغَضَ فِي اللهِ، وَأَعْطَى للهِ، وَمَنَعَ للهِ، فَقَدِ اسْتَكْمَلَ الإِيمَانَ"(٤

هذا، وأما مقاطعة البضائع والمنتجات لبعض الدول الكافرة فإن حكمها يختلف باختلاف طبيعة المجتمع المسلم، وقوة شوكته، وانعكاسات المقاطعة عليه، ذلك لأن المعلوم أن الدولة التي يعتمد اقتصادها وصناعتها على استيراد المنتوجات التجارية، والمواد المصنعة من الدول الكافرة، فهي مرهونة بها لضعفها، والكفر ملة واحدة، والكفار على قلب رجل واحد على أهل الإسلام، فلو قوطعت بعض البلدان الكافرة، فإنَّ الارتباط بغيرها يبقى مستمرًّا على الدوام لانتفاء قيام الأمة بنفسها، ولو تنازلت هذه الدول لحساب المقاطعين، فإنها لا تعود على مصلحة الإسلام ومنافعهم لهوانهم وضعف شوكتهم

      وهذه النظرة المآلية تقديرية، غير أنَّ ولي الأمر المسلم -في مراعاته لمصالح المسلمين وتقديره للمفاسد- إنْ حكَّم سلطته التقديرية، بمشورة أهل الرأي والسداد، واختار المقاطعة الجماعية لأي بلد كافر، كحل مناسب، يعلي به راية الدين، وينصر به المسلمين، ويخزي به الكافرين، فإن طاعته فيما حكَّم لازمة لارتباط هذا الاختيار بالشئون الأمنية والعسكرية للبلاد التي تناط مهامها بولي الأمر دونما سواه، جريًا على قاعدة: "تصرف الحاكم يناط بالمصلحة" إذ أنَّ: "منزلة الإمام من الرعية منزلة الولي من اليتيم" كما قال الشافعي رحمه الله(٥)، وعلى هذا المعنى تحمل الأحاديث الصحيحة الواردة في حصاره صلى الله عليه وآله وسلم لبني النضير، وتحريق نخيلهم، وفي منع ثمامة بن أثال، فقال لأهل مكة:" وَاللهِ لاَ يَأْتِيكُمْ مِنَ اليَمَامَةِ حَبَّةُ حِنْطَةٍ حَتَّى يَأْذَنَ فِيهَا رَسُولُ اللهِ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَآلِهِ وَسَلَّمَ"(٦) وغيرها من الوقائع الكثيرة الدالة على الجهاد بالمال وغيره من أنواع الجهاد، المبنية على درء المفاسد وجلب المصالح فهي محمولة على تقدير إمام المسلمين وإذنه

  ومما تقدم تقريره، فيمكن ترتيب الحاصل منه على الوجه التالي:

أولا: إنَّ الأصل في التعامل التجاري والمالي مع الكفار جائز مطلقًا مالم يكن التعامل فيه محرما سواء كان عينًا أو عوضًا أو منفعة أو إجارة، كما لا يجوز أن يكون فيه إعانة على أهل الإسلام، أو ما يستعينون به على إقامة دينهم.

ثانيا: لاحرج فيمن يتمسك بالأصل السابق، فإنه لا يقدح أبدًا في عقيدة الولاء والبراء ما دام يلتزم بحقوق البراء السالفة البيان، وبشرط أن لا يتعمد ترك الشراء من المسلم مطلقًا بإيثار الكافر عليه من غير تبرير صادق.

ثالثا: ولا حرج- أيضا- فيمن سلك سبيل المقاطعة الفردية إن أراد سبيل إضعاف اقتصاد أهل الكفر، وإظهار براءته منهم، وعدم الرضا عنهم، لكن بشرط أن لا تصدر منه تصرفات الفساد والإفساد: إما بتضليل المخالف فيها، ورميه بموالاة أعداء الله، والتعاون معهم على باطلهم، وإتلاف الأموال، وإضاعة السلع والمنتجات بتحريقها وتكسيدها، فإنَّ ذلك ضرر بالمسلم وعدوان على ماله وعرضه:  ﴿وَاللّهُ لاَ يُحِبُّ الفَسَادَ﴾ [البقرة: 205]، قال صلى الله عليه وآله وسلم:" كُلُّ المُسْلِمِ عَلىَ المُسْلِمِ حَرَامٌ دَمُهُ وَمَالُهُ وَعِرْضُهُ"(٧) وقال صلى الله عليه وآله وسلم: "إِنَّ دِمَاءَكُمْ وَأَمْوَالَكُمْ وَأَعْرَاضَكُمْ حَرَامٌ عَلَيكْمْ كَحُرْمَةِ يَوْمِكُمْ هَذَا فِي بَلَدِكُمْ هَذَا"(٨)، وقال صلى الله عليه وآله وسلم: "لاَضَرَرَ وَلاَضِرَارٍ"(٩

ومن جهة أخرى لا يجوز أذية الكافر في دمه وماله وعرضه إن لم يكن محاربًا لقوله صلى الله عليه وآله وسلم يقول الله تعالى:"يَاعِبَادِي إِنِّي حَرَّمْتُ الظُّلْمَ عَلىَ نَفْسِي وَجَعَلْتُهُ بَيْنَكُمْ مُحَرَّمًا فَلاَ تَظَالَمُواْ"(١٠)، وقوله صلى الله عليه وآله وسلم‏:‏ "‏أَلاَ مَنْ ظَلَمَ مُعَاهَدًا أَوْ انْتَقَصَهُ حَقَّهُ أَوْ كَلَّفَهُ فَوْقَ طَاقَتِهُ أَوْ أَخَذَ مِنْهُ شَيْئًا بِغَيْرِ طِيبِ نَفْسٍ‏.‏ فَأَنَا حَجِيجُهُ يَوْمَ القِيَامَةِ‏‏‏‏‏"(١١) فالواجب التعامل معهم بالعدل، وخطأ الواحد منهم لايلزم به الجميع لقوله تعالى: ﴿وَلاَ تَزِرُ وَازِرَةٌ وِزْرَ أُخْرَى﴾ [الأنعام: 164]، ولقوله تعالى:﴿ وَلاَ يَجْرِمَنَّكُمْ شَنَآنُ قَوْمٍ عَلَى أَلاَّ تَعْدِلُواْ اعْدِلُواْ هُوَ أَقْرَبُ لِلتَّقْوَى﴾ [المائدة: 8]، وإذا كان لهم مع أهل الإسلام عهود، أو كان لهم على المسلمين ديون، فلا يجوز لمن اتخذ من المقاطعة سبيلا أن لا يفي بعهدهم، أو يحرمهم من ديونهم، فالواجب الوفاء بها إليهم لقوله تعالى: ﴿يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ أَوْفُواْ بِالْعُقُودِ﴾[المائدة: 1]، ولقوله تعالى: ﴿وَأَوْفُواْ بِالْعَهْدِ إِنَّ الْعَهْدَ كَانَ مَسْؤُولاً﴾ الإسراء: 34]، وقوله صلى الله عليه وآله وسلم: "أَدِّ الأَمَانَةَ إِلىَ مَنْ ائْتَمَنَكَ وَلاَ تَخُنْ مَنْ خَانَكَ(١٢

رابعا: في حالة ما إذا تولى ولي الأمر أو الحاكم مسؤلية اختيار منع التعامل مع بلد كافر، تحقيقا لمصلحة المسلمين، فإنه تجب طاعته في المقاطعة الجماعية بما تقرر في القواعد العامة، وتحمل الأحاديث الواردة في هذا الشأن على هذا المعنى.

هذا ما ندين به الله ربَّ العالمين في هذه المسألة، نسأل الله أن يعزَّ دينه، ويعلي كلمته، وينتصر لنبيه ودينه، وأن يرينا الحق حقا ويرزقنا اتباعه، والباطل باطلاً، ويرزقنا اجتنابه، اللهم وفِّق هذه الأمة للتمسك بالعقيدة فيك، والرجوع إلى دينك، والاعتزاز به، إنَّك سميع قريب مجيب

وآخر دعوانا أن الحمد لله رب العالمين، وصلى الله على محمد وعلى آله وصحبه وإخوانه إلى يوم الدين وسلم تسليما كثيرًا

الجزائر في: 14 محرم 1427ﻫ

الموافقﻟ: 13 فبراير 2006م

١- المجموع للنووي: (11/ 40)

٢- صحيح البخاري: 4/ 410 (2216)

٣- متفق عليه: أخرجه البخاري: (4/ 302)  رقم: (2068)، ومسلم: (11/ 40)  من حديث عائشة رضي الله عنها

٤- أخرجه أبو داود في السنة: (4683)، وابن عساكر في "تاريخ دمشق" (6/ 16/ 2، 9/ 396/ 2)، من حديث أبي أمامة رضي الله عنه. وصححه الألباني في السلسلة الصحيحة: (380)، وفي صحيح الجامع: (5965)

٥- انظر: المنثور للزركشي: (1/ 183)

٦- أخرجه البخاري في المغازي: (4372)، ومسلم في الجهاد والسير: (4688)، وأحمد: (10088)، والبيهقي: (13215)، من حديث أبي هريرة رضي الله

٧- أخرجه مسلم في البر والصلة والآداب: (6706)، وأبو داود في الأدب: (4884)، والترمذي في البر والصلة: (2052)، من حديث أبي هريرة رضي الله عنه

٨- أخرجه البخاري في العلم: (67)، ومسلم في القسامة: (4477)، وأحمد: (2923)، والدارمي: (1968)، والبيهقي: (9894)، من حديث أبي بكرة رضي الله عنه

٩- أخرجه ابن ماجه في الأحكام: (2341)، وأحمد: (3/ 267)، وصححه الألباني في الإرواء: (3/ 408) رقم: (896)، وفي غاية المرام: (68)

١٠- أخرجه مسلم في الآداب والصلة: (6737)، وابن حبان: (621)، وأحمد: (20960)، والبيهقي: (11837)، والبزار: (885)، من حديث أبي ذر رضي الله عنه

١١- أخرجه أبو داود في الخراج: (3054) والبيهقي: (19201)، من حديث صفوان بن سليم عن عدة من أصحاب النبي صلى الله عليه وآله وسلم، والحديث حسنه ابن حجر في موافقة الخبر الخبر: (2/ 184)، وقال السخاوي في المقاصد الحسنة: (459) "إسناده لا بأس به"، وصححه الألباني في الصحيحة: (1/ 807) ومشكاة المصابيح: (4047)

١٢- أخرجه الترمذي في البيوع: (1264) و أبو داود في الإجارة: (3535) ، والدارمي في البيوع: (2652). من حديث أبي هريرة رضي الله عنه. والحديث صححه السخاوي في المقاصد الحسنة: (51)، والألباني في سلسلة الأحاديث الصحيحة رقم: (424)

Cheikh Abou Abdil-Mou'iz Mouhammad 'Ali Ferkous - الشيخ أبي عبد المعزّ محمد علي فركوس

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