Ibn Jarir At-Tabari (Qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit :
J'étais à la Mecque durant la période de Hajj lorsque je vis un homme de Khourassân qui appela et dit :
"Ô groupe de pèlerins, ô gens de la Mecque résidents et étrangers, j'ai perdu un sac contenant 1000 dinars.
Que celui qui me le rende soit rétribué en bien par Allah et qu'Il l'affranchisse de l'Enfer et lui accorde la bonne rétribution et récompense le Jour des comptes."
Un vieil homme des gens de la Mecque se présenta alors à lui et lui dit :
"Ô khourassâni, notre région est dans une situation très difficile, les jours du Hajj sont comptés, sa période est limitée, et les voies pour gagner de l'argent sont fermées.
Peut-être que cet argent est tombé entre les mains d'un croyant pauvre et vieux qui voudrait prendre un engagement de ta part que s'il te rendait l'argent, tu lui accorderais une petite somme et de l'argent licite."
Le khourassâni dit alors :
"Et quelle somme voudrait l’intermédiaire ?
Combien désirerait-il ?"
Le vieil homme dit :
"Il désirerait le dixième, c’est-à-dire 100 dinars, un dixième de 1000."
Le khourassâni n'accepta pas et dit :
"Je ne ferai pas cela, cependant je remets son sort à Allah, et je me plaindrai de lui auprès d'Allah le Jour où nous Le rencontrerons, et c'est Lui qui nous suffit, et quel excellent protecteur !"
Ibn Jarir At-Tabari dit :
Je me dis alors en moi-même que le vieil homme était pauvre et qu'il avait sûrement trouvé le sac de dinars et qu'il espérait en avoir une petite part.
Je le suivis alors jusqu'à ce qu'il entre dans sa maison, et effectivement la situation était telle que je le pensais.
Je l'entendis appeler sa femme et lui dire :
"Ô Loubâbah !"
Elle lui répondit :
"Me voilà à toi, Abou Ghiyath !"
Il dit :
"J'ai trouvé le propriétaire du sac de dinars lancer un appel à ce sujet, et il ne désire pas en accorder une part à celui qui lui retrouverait, je lui ai dit : "Donne-m’en 100 dinars", mais il refusa et remit son affaire à Allah, que dois-je faire ô Loubâbah ?
Je suis dans l'obligation de lui rendre, je crains mon Seigneur, et je crains que mon péché ne soit multiplié !"
Son épouse lui dit :
"Ô toi l’homme !
Nous subissons la pauvreté avec toi depuis 50 ans.
Tu as 4 filles, 2 sœurs, moi, ma mère, et toi, tu es le 9ᵉ !
Nous n'avons ni chèvre, ni pâturage, prends tout l'argent et utilise-le pour nous rassasier, car nous sommes affamés, et utilise-le pour nous vêtir car tu es plus connaisseur de notre situation.
Et il se peut qu'Allah le Puissant et Exalté t'enrichisse par la suite, et tu lui rendras alors l'argent après que tu aies pu nourrir ta famille, ou qu'Allah compense ta dette le Jour où le royaume reviendra au Roi souverain."
Il lui dit :
"Ô Loubâbah, vais-je manger du haram alors que j'ai atteint 86 années d'existence ?
Vais-je brûler mes entrailles avec du feu après avoir patienté sur la pauvreté ?
Vais-je m'attirer la colère du Jabbâr (Celui qui domine et soumet toutes Ses créatures) alors que je suis tout proche de la tombe ?
Non par Allah, je ne le ferai pas !"
Ibn Jarir At-Tabari dit :
Je partis alors tout étonné de sa situation avec son épouse.
Lorsque nous fûmes le lendemain, à une certaine heure de la journée, j'entendis le propriétaire des dinars lancer le même appel que la veille.
Le vieil homme se présenta à lui et dit :
"Ô khourassâni, certes, je t'ai parlé hier et je t'ai conseillé, et notre région, par Allah, n'a que peu de plantations et cultures, octroie donc quelque chose à celui qui retrouverait l'argent afin qu'il n'enfreigne pas la Législation.
Je t'avais proposé de donner 100 dinars à celui qui le retrouverait, mais tu as refusé.
Si ton argent tombait entre les mains d'un homme qui craint Allah le Puissant et Exalté, lui donnerais-tu 10 dinars seulement à la place des 100, afin qu'ils obtiennent de quoi se couvrir, s’entretenir, subsistance et sécurité ?'
Le khourassâni lui dit :
"Je ne le ferai pas, et j'espère la récompense de mon argent auprès d'Allah, et je me plaindrai de lui auprès d'Allah le Jour où nous Le rencontrerons, et c'est Lui qui nous suffit, et quel excellent protecteur !"
Puis le jour suivant, le propriétaire des dinars lança exactement le même appel.
Le vieil homme se présenta à lui et lui dit :
"Ô khourassâni, je t'ai proposé avant-hier d'accorder 100 dinars à celui qui les retrouverait et tu as refusé, puis-je t'ai proposé 10 dinars et tu as refusé, accorderais-tu donc à celui qui les retrouverait 1 seul dinar avec la moitié duquel il achèterait ce qu'il désire, et avec l'autre moitié une chèvre qui donnerait du lait afin d'abreuver les gens et qu'il gagne ainsi de l'argent pour nourrir ses enfants et espérer la récompense ?"
Le khourassâni dit :
"Je ne ferai pas cela, cependant je le renvoie à Allah et je me plaindrai de lui auprès de son Seigneur le Jour où nous Le rencontrerons, et Allah nous suffit, et quel excellent protecteur !"
Le vieil homme le tira alors vers lui et lui dit :
"Viens, ô toi là !
Et récupère tes dinars et laisse-moi dormir paisiblement la nuit, je n’ai pas eu la conscience tranquille depuis que j’ai trouvé cet argent."
Ibn Jarir At-Tabari dit :
Il partit avec le propriétaire des dinars, et je le suivis jusqu'à ce que le vieil homme entre dans sa maison.
Il creusa la terre et sortit les dinars et dit :
"Prends l'argent, et je demande à Allah de me pardonner et m'accorder subsistance de par Sa grâce."
Le khourassâni le récupéra et lorsqu'il voulut sortir, au moment où il atteignit la porte de la maison, il dit :
"Ô vieil homme, mon père est mort, qu'Allah lui fasse miséricorde et il m'avait laissé 3000 dinars et m'avait dit :
"Sors-en le tiers et distribue-le au plus nécessiteux des gens auprès de toi, je l'avais donc conservé dans ce sac pour le distribuer à celui qui le mériterait.
Par Allah, je n'ai pas vu, depuis que je suis sorti de Khourassân jusqu'ici, quelqu'un qui mérite cet argent plus que toi, prends-le donc !
Qu'Allah te le rende béni, et te rétribue en bien pour avoir respecté ce dépôt, et ta patience sur la pauvreté !"
Puis, il s'en alla et lui laissa l'argent.
Le vieil homme se mit à pleurer et invoqua Allah :
"Qu'Allah fasse miséricorde au propriétaire de l'argent dans sa tombe, et qu'Allah bénisse son fils !"
Allah le Très-Haut dit :
ذَلِكُمْ يُوعَظُ بِهِ مَنْ كَانَ يُؤْمِنُ بِاللَّهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ وَمَنْ يَتَّقِ اللَّهَ يَجْعَلْ لَهُ مَخْرَجًا (٢) وَيَرْزُقْهُ مِنْ حَيْثُ لَا يَحْتَسِبُ وَمَنْ يَتَوَكَّلْ عَلَى اللَّهِ فَهُوَ حَسْبُهُ إِنَّ اللَّهَ بَالِغُ أَمْرِهِ قَدْ جَعَلَ اللَّهُ لِكُلِّ شَيْءٍ قَدْرًا [الطلاق: ٢، ٣]
(Traduction rapprochée)
"2. Voilà à quoi est exhorté celui qui croit en Allah et au Jour dernier. Quiconque craint Allah, Il lui accordera une issue favorable [face à toute difficulté]
3. Et Il lui accordera sa subsistance par [des moyens] sur lesquels il ne comptait pas. Et quiconque place sa confiance en Allah, Il lui suffira largement, parce qu'Allah réalise toujours Son ordre. Certes, Allah a décrété toute chose avec mesure." (Sourate Al-Talâq : versets 2 et 3)
Jamharatoul ajza-il hadithiyyah – 251
Histoire citée par Cheikh sur sa page Facebook -@mohammadbazmool
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